Je sais votre assemblée solidaire de nos soldats et je veux, avec vous, saluer leur professionnalisme et leur courage.
Ceux qui sont tombés sous le feu ennemi étaient jeunes, et, en découvrant leur visage, chacun en a eu le cœur serré. Mais ils étaient des soldats entraînés et motivés dont l’engagement était réfléchi et souvent passionné.
J’affirme avec force devant vous que leur mission était juste et qu’elle le demeure. Je récuse la thèse de ceux qui pensent que nos soldats sont morts pour rien. Nos troupes ne sont pas en Afghanistan pour annexer qui que ce soit. Elles n’y sont pas pour des intérêts économiques. Elles sont sur place pour assurer notre sécurité collective, en faisant en sorte que l’Afghanistan ne redevienne pas le sanctuaire du terrorisme international. Elles sont là-bas, auprès du peuple afghan, pour reconstruire un pays ruiné et longtemps déchiré. Elles y sont, dans le cadre d’un mandat de l’ONU, aux cotés de trente-neuf autres nations, dont vingt-cinq sont membres de l’Union européenne. Elles y sont pour permettre au peuple afghan de vivre en paix, de façon souveraine et démocratique.
Ce 18 août, notre peuple dans son entier s’est associé à la douleur des familles dont la dignité fait figure de leçon.
Le Président de la République et le Gouvernement ont tiré tous les enseignements de cette embuscade meurtrière. Nous avons décidé de renforcer nos moyens militaires, notamment dans les domaines de l’aéromobilité, du renseignement et de l’appui. Ces moyens seront sur place dans quelques semaines. Concrètement, des hélicoptères Caracal et Gazelle canon, des drones, des moyens d’écoute, des mortiers supplémentaires seront envoyés, avec les effectifs correspondant, soit une centaine d’hommes de plus.
Mesdames, messieurs les sénateurs, la situation en Afghanistan exige un discours de vérité. Même si cette vérité est difficile, nous partons du principe que la France peut et doit l’assumer.
La sécurité et la paix ne pourront s’imposer en Afghanistan sans ténacité, sans confiance partagée, mais aussi sans prise de risque. Les Français doivent savoir que nous ne sommes nullement en guerre avec le peuple afghan, mais que nos troupes peuvent être engagées ou impliquées dans des opérations de guerre. Ils doivent savoir que le redressement de ce pays est une œuvre lente et difficile mais qui porte ses fruits.
Je ne doute pas de la légitimité de l’action que nous menons en Afghanistan, et je sais qu’il en est de même pour la majorité d’entre vous.
Ne pas agir, ce serait laisser le champ libre aux talibans et à Al-Qaïda, laisser le peuple afghan aux mains de ses bourreaux, laisser à nos partenaires le soin de combattre à notre place. Ce serait renoncer aux valeurs universelles pour lesquelles une majorité d’Afghans se bat et espère. Ce serait mettre un coup d’arrêt au développement d’une société qui n’est pas condamnée au malheur éternel.
En 2001 – j’ai déjà eu l’occasion de citer ces chiffres devant vous –, en Afghanistan, seuls 800 000 garçons étaient scolarisés ; les écoliers sont aujourd’hui 6 millions, dont 40 % de filles.