À quoi bon traquer les jihadistes au Moyen-Orient, en Afrique du Nord ou en Europe s’ils disposent, en Afghanistan, d’une base arrière d’où ils peuvent, en toute impunité, se préparer à nous frapper ? C’est l’intérêt national qui est en cause. L’opinion publique a du mal à le comprendre. Il est de notre responsabilité de l’éclairer.
Pouvons-nous laisser l’Afghanistan mettre en péril la stabilité du Pakistan et des républiques d’Asie centrale ? Les islamistes ont, depuis longtemps, essaimé en dehors des zones tribales du Pakistan. La « talibanisation » rampante de ce grand pays deviendrait irrésistible si les jihadistes pakistanais trouvaient, demain, en Afghanistan, la profondeur stratégique qui leur manque. Le Pakistan, ne l’oublions pas, possède un arsenal nucléaire. L’attentat suicide qui vient de détruire l’un des principaux hôtels d’Islamabad montre la terrifiante réalité de ce danger.
Est-il, enfin, imaginable que nous livrions l’Afghanistan à l’une des dictatures les plus obscurantistes de la planète, celle-là même qui s’est illustrée par des exécutions publiques dans les stades, celle qui a fait des femmes des citoyens de seconde zone dans leur pays ? Est-il pensable que la France, le pays des droits de l’homme, tourne aussi ouvertement le dos à la mission qu’il assume depuis la Révolution française ?
Poser ces questions, c’est y répondre. L’enjeu que constitue pour nous l’Afghanistan est évident : il a une dimension littéralement historique. C’est la raison pour laquelle le groupe UMP du Sénat votera l’autorisation de prolongation de l’intervention des forces françaises en Afghanistan demandée à notre assemblée par le Gouvernement.