Intervention de Jean-Michel Baylet

Réunion du 22 septembre 2008 à 17h00
Prolongation de l'intervention des forces armées en afghanistan — Débat et vote sur une demande d'autorisation du gouvernement

Photo de Jean-Michel BayletJean-Michel Baylet :

Mes chers collègues, la réalité que nous souhaiterions pour l’Afghanistan, ce serait tout simplement celle d’un pays en paix, acteur de son développement et maître de son destin. Hélas ! Aujourd’hui, en 2008, nous sommes loin de cet idéal.

Que reste-t-il de la feuille de route confiée il y a sept ans par l’ONU à la coalition internationale ? Beaucoup de pages blanches !

L’Afghanistan n’est pas sécurisé : 8 000 personnes ont été tuées en 2007, dont 1 500 étaient des civils.

Les talibans ont gagné du terrain et approchent de Kaboul.

Les institutions ne sont pas stabilisées : l’État a du mal à s’imposer dans une société foncièrement tribale et féodale.

Malgré les efforts, notamment français, pour la former, l’armée afghane reste faible et mal perçue par les autochtones.

Quant à l’économie, comment se satisfaire d’un produit intérieur brut largement porté par l’opium et par les trafics d’armes financés par la drogue ?

Dans ce contexte, la France doit-elle poursuivre sa mission au sein de la FIAS ?

La démission n’entre pas dans la conception que nous radicaux avons de la raison. Certes, et l’ensemble des orateurs l’ont dit, la compassion qui nous a tous légitimement gagnés depuis le terrible traquenard tendu aux troupes françaises le 18 août oblige à réfléchir sous un éclairage modifié.

Cependant, les démocraties sont-elles prêtes à payer, par les risques de la guerre, le prix de la paix ? Assurément oui si la force s’accompagne d’une stratégie claire, responsable et périodiquement réaffirmée.

Les Américains, longtemps soutien des talibans, n’ont pas cherché à rétablir les droits de l’homme à Kaboul ; ils ont seulement voulu extirper Ben Laden de son sanctuaire.

Il est vrai que la situation actuelle du pays, largement évoquée à cette tribune, pourrait nous amener à baisser les bras et à laisser un peu de temps au peuple afghan pour passer du Moyen Âge au xxie siècle.

Nous pourrions aussi céder à la tentation de la démagogie. Nous avons eu à déplorer la mort de dix soldats français. Nous savons les réticences extrêmes de l’opinion publique au maintien et plus encore au renforcement de notre dispositif militaire en Afghanistan.

Nous pourrions en somme donner aisément raison à ceux qui spéculent sur notre supériorité morale parce qu’ils savent que nous accordons à la vie humaine un prix qu’ils jugent sans rapport avec les préjugés de leur fanatisme.

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