Intervention de Hervé Morin

Réunion du 22 septembre 2008 à 17h00
Prolongation de l'intervention des forces armées en afghanistan — Débat et vote sur une demande d'autorisation du gouvernement

Hervé Morin, ministre de la défense :

Mesdames, messieurs les sénateurs, je répondrai brièvement à quelques-unes de vos interrogations.

Monsieur de Rohan, vous avez souligné que des moyens militaires supplémentaires étaient nécessaires, et M. Boulaud s’est lui-même interrogé à ce sujet. Je vous le rappelle, à la suite du drame que nous avons vécu le 18 août dernier, nous avons décidé de renforcer notre dispositif, en le dotant d’un Caracal ou EC725 – cet hélicoptère extrêmement performant –, de deux Gazelles d’observation, d’une section de mortier de 120 millimètres, d’un détachement de drones SDTI – système de drone tactique intérimaire – et de moyens d’écoute, le tout représentant environ cent soldats, car, naturellement, des hommes sont nécessaires pour servir l’ensemble de ces équipements.

Toutefois, j’y insiste, nous aurons beau nous doter de toujours plus de technologie, celle-ci ne permettra pas d’éviter les scénarios du type de celui qui s’est produit le 18 août dernier. D'ailleurs, si nous voulions nous lancer dans un décompte macabre, nous pourrions constater que les États-Unis, qui réalisent à eux seuls 50 % de la dépense militaire mondiale et qui disposent de tous les moyens technologiques possibles et imaginables, ont perdu près de 600 hommes en Afghanistan depuis 2001.

Quand les talibans sont cachés dans la montagne, personne, même avec les moyens technologiques les plus élaborés, ne peut fournir les informations qui permettraient de les localiser. En la matière, vous vous en doutez, le risque zéro n’existe pas !

Par ailleurs, nous avons réalisé une série d’achats d’urgence opérationnelle, pour un montant total d’environ 50 millions d’euros. Comme j’ai déjà eu le plaisir de l’annoncer devant la commission que vous présidez, monsieur de Rohan, nous avons acquis des protections individuelles et collectives, les fameux « tourelleaux téléopérés » des VAB, les véhicules de l’avant blindés, des cabines blindées pour les camions, des gilets pare-balle de type S4, ainsi que les équipements de combat individuels que vous évoquiez.

Nous déploierons probablement bientôt sur place le programme FELIN, c'est-à-dire fantassin à équipements et liaisons intégrés, augmenterons nos capacités de combat de nuit et améliorerons l’interopérabilité avec les Alliés.

Enfin, nous avons doté nos forces de protections individuelles et collectives supplémentaires, avec des kits de surprotection, ainsi que de pointeurs laser pour mitrailleuses.

En un mot, nous avons prévu une série de moyens complémentaires destinés à permettre à nos soldats d’agir dans les meilleures conditions possibles.

Toutefois, sur un terrain de ce genre, nos soldats peuvent tomber dans de véritables traquenards, pour reprendre le mot très juste de M. Baylet. Aussi, je le répète, même si nous mettons tous les moyens en œuvre et même si, bien sûr, nous devons faire preuve de toute la prudence requise, rien ne nous permettra de garantir une opération sans risque.

Madame Demessine, vous nous demandez de « faire toute la vérité » sur cette affaire. Mais la vérité, nous l’avons dite et répétée ! Nous avons décrit en détail les opérations, nous avons mené une analyse extrêmement précise des événements des 18 et 19 août dernier, nous avons collationné toutes les informations, demandé à chaque soldat de témoigner, diligenté tous les rapports nécessaires, pris toutes les décisions pour tenter de reconstituer au mieux le scénario exact de ce qui s’est passé.

Malheureusement, nous avons eu droit à toutes les rumeurs, et cela pour une seule et bonne raison : les talibans savent qu’ils ne peuvent gagner cette guerre, même s’ils ont la possibilité de nous porter de durs coups, mais qu’ils ont une chance de remporter la guerre de l’opinion publique. La faiblesse de l’opinion publique occidentale est une réalité, et c’est sur ce terrain qu’ils essaient de nous mettre en difficulté.

Qu’on cesse donc de considérer la moindre rumeur propagée sur Internet comme une réalité avérée !

Il n’y a aucune raison que l’état-major des armées et le ministère de la défense cachent quoi que ce soit : nous avons dit la vérité, toute la vérité, afin de pouvoir, nous aussi, tirer les conséquences qui s’imposaient. J’assure à la Haute Assemblée que nous n’avons absolument rien caché. Les seuls éléments que j’ai dissimulés sont ceux qui relevaient de l’intimité des familles et que celles-ci m’avaient demandé de garder par-devers moi

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion