Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'examen du budget de l'outre-mer est toujours très attendu par les près de deux millions de Français qui vivent dans les neuf départements et collectivités d'outre-mer.
Saluons, à cette occasion, le travail remarquable de M. Henri Torre, rapporteur spécial, et de Mme Anne-Marie Payet, MM. Claude Lise et Christian Cointat, rapporteurs pour avis, qui permet d'ores et déjà de fixer un cadre à notre débat.
Le budget de la mission « Outre-mer », qui s'élève à 2, 267 milliards d'euros en autorisations d'engagement et à 1, 898 milliard d'euros en crédits de paiement, ne retrace qu'une partie des crédits affectés aux politiques des outre-mers, qui s'élèvent au total à 11 milliards d'euros.
L'éclatement de ces financements entre 25 missions nuit forcément à la lisibilité des actions de l'État vers les régions ultramarines. Les changements continus de périmètres rendent également délicate une appréciation sur le long terme de l'évolution des crédits.
Il est tout aussi complexe d'envisager une approche budgétaire globale qui rendrait compte des affectations des crédits aux différentes politiques à destination des outre-mers.
Les chiffres que vous nous présentez aujourd'hui, monsieur le ministre, ne peuvent donc nous donner réellement satisfaction.
En effet, pour ce qui est de la Guyane, la situation économique et sociale est extrêmement préoccupante en raison de facteurs multiples. La hausse d'un chômage déjà très élevé -27 % -, l'accroissement de la population due à l'immigration, la fragilité du tissu économique et le manque de compétitivité des entreprises sont autant d'éléments qui, conjugués, ont participé et participent encore au dérèglement de la société guyanaise.
Mais pourquoi, monsieur le ministre, les outre-mers n'arrivent-ils pas à avoir un véritable développement économique comme les pays du Nord, alors qu'ils font partie de la France ?
Cela peut sans doute s'expliquer, comme le disait un grand homme de l'outre-mer, parce que « notre production n'a pas été décidée par la volonté des hommes d'outre-mer ». On nous a fait faire de la banane et de la canne pour les besoins du colonisateur et, depuis ces temps immémoriaux, ces besoins n'ont cessé d'être encouragés.
Si la canne et la banane, aujourd'hui vivement concurrencées par des pays tiers, venaient à disparaître, par quoi seraient-elles remplacées ? Cette simple question montre que la faiblesse économique, ce handicap permanent, résulte en partie du choix d'implanter une monoactivité en outre-mer.
Quelles seraient, dès lors, les conséquences de la disparition de la canne ou de la banane ?
On prétend depuis très longtemps que l'outre-mer coûte cher à l'Europe et à la France, mais il ne s'agit que d'une appréciation matérielle et comptable à laquelle je ne peux souscrire.
Si l'Europe et la France sont de grandes puissances spatiales, monsieur le ministre, elles le doivent en partie à l'outre-mer, et particulièrement à cette région de la France équinoxiale qu'est la Guyane.
Une fusée lancée de la Guyane consomme un tiers de carburant de moins que les fusées lancées par les autres puissances spatiales, États-Unis et Russie en tête.