La leçon est claire : il faut innover franchement, se délivrer des mythes, du politiquement correct, du parler faux libéral et pseudo-européen, comme l’a relevé d’ailleurs justement M. le rapporteur général.
Autant d’Europe que possible oui, notamment par la création d’un gouvernement économique de la zone euro, mais autant de national que nécessaire ! Car nécessité fait loi : mieux vaut l’Europe des États que pas d’Europe du tout. Il faut revenir à un interventionnisme qui redonne aux États, c’est-à-dire aux peuples, la possibilité d’encadrer et de réguler le marché, si possible de concert.
À mon sens, l’urgence impose d’agir dans quatre directions.
Premièrement, il faut empêcher les faillites bancaires en chaîne et, pour cela, privilégier les recapitalisations publiques et les conversions de dettes en actions plutôt que la reprise aléatoire, d’ailleurs tout à fait insuffisante, d’actifs toxiques par l’État, sur le modèle du plan Paulson.
Le contribuable, à défaut de rentrer dans ses frais, doit trouver des contreparties solides à l’effort qu’on lui demande. Puisque les contribuables seront contraints de payer, il faut que les financiers soient expropriés en conséquence. Ne serait-ce pas justice que des banques qui remplissent en fait une véritable mission de service public, qui ont acquis le monopole de fait de la création monétaire, redeviennent, conformément au préambule de la Constitution de 1946, propriété de la collectivité et que les conséquences en soient tirées dans le choix des dirigeants et dans la définition de nouvelles conditions d’octroi des crédits ? La recréation d’un grand pôle financier public est d’ailleurs un élément de la solution comme outil d’un plan de relance ciblé.
Deuxièmement, il est urgent d’enrayer la contraction massive du crédit aujourd’hui observable.
Troisièmement, il faut concevoir rapidement un plan de relance économique ciblé et il n’est pas besoin pour cela d’obérer de façon excessive les finances publiques. Il suffit d’orienter l’épargne vers l’économie réelle. Les Français ont une épargne très abondante. Il faut la transformer au bénéfice de l’investissement productif et ne pas hésiter à utiliser, par exemple, les excédents de collecte du livret A – au moins 12 milliards d’euros – pour amplifier l’effort sur le logement social. Il faut aider par priorité les PME et les collectivités locales par des prêts bonifiés en utilisant les fonds d’épargne en gestion financière de la Caisse des dépôts et consignations.
Il faut aussi mettre en œuvre un programme d’aides aux industries en difficulté comme l’automobile pour favoriser la recherche sur les véhicules électriques et hybrides, la pile à combustible et l’économie de l’hydrogène, avec une obligation de localisation ou de relocalisation des sites de production. Il faut aider la mutation énergétique. Bref, il faut remettre la politique industrielle, si longtemps décriée, à l’ordre du jour.
Enfin, il faut lancer un grand plan d’infrastructures ferroviaires, avec de nouvelles lignes TGV et de fret ferroviaire, moderniser et fiabiliser le réseau.