Confirmez-vous qu’un foyer a reçu un chèque de 230 000 euros au nom du bouclier fiscal ?
Allez-vous maintenir le « Travailler plus pour gagner moins » ?
Allez-vous stopper ces heures supplémentaires qui accroissent le chômage ?
La crise que nous vivons est grave, et la confiance que les gens nourrissent à l’égard du Gouvernement limitée.
Les enquêtes d’opinion le montrent : la majorité de nos compatriotes doute de la capacité du Gouvernement à faire face à la crise et, pour une écrasante majorité – 77 % dans un sondage du Parisien dimanche dernier –, c’est le système économique dans lequel nous vivons, c’est-à-dire le capitalisme, qui est en cause.
Pourtant, votre discours, monsieur le ministre, montre que, malgré les effets de manches de Nicolas Sarkozy, vous voulez revenir au plus vite aux pratiques antérieures, dès que l’orage sera passé.
Quoi d’étonnant à cela ? Depuis quarante ans, vous avez soutenu et conçu les politiques de spéculation financière et monétaire, la déréglementation et la mondialisation bancaires, avec leurs corollaires : privatisation des services et entreprises publics, à commencer par les banques et compagnies d’assurance nationalisées en 1945, marchandisation des besoins collectifs, instrumentalisation des deniers publics au seul bénéfice de cette financiarisation accrue.
Pour couronner le tout, la construction européenne nous prive d’un moyen essentiel d’intervention effective dans la résolution de la crise.
Le traité de Lisbonne, qui fait de l’indépendance de la Banque centrale européenne l’un des pivots de l’Union et du pacte de stabilité l’alpha et l’oméga des finances publiques, est au cœur du cyclone.
M. Trichet, qui fronce les sourcils pour 3 % de déficit, ne mobilise-t-il pas pourtant 300 milliards d’euros par jour – soit l’équivalent du budget de la France – pour sauver les marchés financiers ?
Il ferait bien mieux de baisser de manière plus nette encore le taux directeur de la BCE, pour alléger le coût du crédit interbancaire.
Quand va-t-on décider de redéfinir les contours de l’intervention de la BCE ? Quand va-t-on se décider à procéder à la nécessaire révision du traité européen, abandonnant par là même la ratification d’un texte qui, après le « non » des électeurs français, néerlandais et irlandais, est condamné par la crise financière ?
À la lumière des événements récents, j’invite tous nos collègues ayant ratifié le traité de Lisbonne à s’interroger sur leur vote.
Plutôt que de laisser la main occulte du marché tout réguler de manière harmonieuse, il est temps, en effet, de faire en sorte que les États et la politique, au sens noble du terme, reprennent la main. La nationalisation des établissements de crédit en difficulté ne suffit pas. L’argent public ne doit pas servir qu’à socialiser les pertes d’un secteur privé qui ne se prive guère de gaspiller l’argent.
La question d’une nationalisation du crédit et de l’assurance est posée, pour revenir sur le mouvement engagé en 1986, mobiliser l’argent et répondre aux exigences du développement de l’économie réelle et de la société en général.
À ce propos, comment ne pas noter qu’une grande banque, nationalisée en 1945, privatisée en 1986, a finalement été renationalisée partiellement au cours du week-end ? Il y a pourtant une nuance : en 1945, c’est l’État français, soucieux de disposer des moyens de la reconstruction du pays, qui avait nationalisé la BNP. Dimanche dernier, c’est le royaume de Belgique qui est devenu l’actionnaire de référence de la banque à hauteur de 12 % !
Dans le même ordre d’idées, il est temps de relever les plafonds de l’épargne défiscalisée, le taux de la participation des entreprises à l’effort de construction, et l’ensemble des sources de financement déconnectées de la règle des marchés financiers.
Il faut, en France et en Europe, une sélectivité nouvelle du crédit, fondée sur une réduction des taux d’intérêt et un soutien réel à la création de richesses, par une bonification des crédits accordés aux entreprises investissant et créant des emplois.
En voilà assez de voir les banques se procurer des ressources en puisant dans l’épargne des salariés ! Surtout si c’est pour l’engloutir ensuite dans des rachats de créances « pourries » d’outre-Atlantique, selon le processus qui a été largement mis en lumière par la crise actuelle ! L’argent des banques, c’est celui des salariés : ils l’ont gagné en produisant des biens et des services. Il est temps qu’il leur revienne !