Dès lors que notre économie est confrontée à des risques tels que ceux que nous constatons aujourd'hui, il est naturel de mobiliser cette trésorerie et de l’activer ; c’est ce que nous faisons.
En outre, monsieur le sénateur, vous m’avez interrogé sur les réformes à venir dans le secteur financier. Comme vous l’avez souligné, l’idée du Gouvernement est bien de refonder la régulation du secteur financier. J’ai déjà parlé des agences de notation, qu’il faudra enregistrer, contrôler et superviser, ainsi que des règles prudentielles dans le domaine bancaire, qui sont liées à une meilleure gestion des risques relatifs aux liquidités et des mécanismes de titrisation. Sur tous ces sujets, une directive européenne sera adoptée d’ici à la fin de l’année.
Vous l’avez également indiqué, nous devons nous intéresser aux normes comptables. Comme je l’ai annoncé, nous allons mettre en chantier au niveau international la fair value, c'est-à-dire le mark-to-market, qui est devenu quelque chose d’extraordinairement célèbre ces dernières semaines.
À court terme, nous modifierons les règles comptables européennes d’ici à la fin du mois, afin qu’elles puissent s’appliquer dès la fin du troisième trimestre, conformément aux conclusions du Conseil Écofin d’hier.
Monsieur Collin, vous avez émis plusieurs idées auxquelles je suis très sensible. Nous devons effectivement repenser le cadre financier issu des accords de Bretton Woods. Le Président de la République l’a lui-même indiqué, mais ce n’est pas facile. Comme vous le savez, les enjeux ne sont pas seulement économiques. En réalité, nous sommes au cœur d’un débat diplomatique et il est clair que, pour qu’il soit tranché, nous devons attendre la clarification de la situation politique aux États-Unis. Mais je suis convaincu que nous réussirons à refonder les règles régissant le système financier international. Le Président de la République insistera très fortement sur le sujet, et j’espère qu’il sera soutenu par l’ensemble des pays européens.
Vous avez également prôné des initiatives européennes fortes. Je vous rejoins totalement. À cet égard, quelles que soient nos options politiques, nous devons tous être fiers que la France préside l’Union européenne. C’est une chance ! En effet, notre pays a la capacité de prendre de telles initiatives et d’entraîner nos partenaires. Pour être efficaces, les actions doivent être coordonnées – nous ne pouvons naturellement pas entrer dans chaque système bancaire –, et nous travaillons aujourd'hui en ce sens. J’imagine que de nouvelles initiatives seront bientôt prises.
Par ailleurs, je partage vos réflexions sur l’éthique.
En revanche, je suis nettement plus réservé quant à vos affirmations sur un prétendu « démantèlement du service public ». En effet, je ne crois pas du tout que la France soit en train de démanteler le service public.