Intervention de Éric Woerth

Réunion du 8 octobre 2008 à 21h30
Crise financière et bancaire — Débat sur une déclaration du gouvernement

Éric Woerth, ministre :

C’est exactement le contraire. Il en va de même pour notre majorité, ainsi – j’en suis certain – que pour l’opposition.

Monsieur Chevènement, il n’y aucune contradiction entre les actions que nous menons pour éviter les faillites bancaires et notre volonté d’assainir nos finances publiques.

Au contraire, notre politique est très cohérente. D’un côté, nous devons éviter ces faillites, car – vous le savez mieux que quiconque – les banques irriguent l’ensemble de l’économie. D’un autre côté, nous ne devons affaiblir ni notre message ni notre action sur les finances publiques. En effet, une aggravation de la situation économique aurait également des conséquences fâcheuses sur notre situation budgétaire : on imagine mal des finances publiques saines dans une économie qui ne le serait pas ! Par conséquent, ces deux volets de notre politique sont complémentaires.

Il n’est donc pas question de lâcher du lest sur les finances publiques. Des efforts d’adaptation s’imposent et nous ne pouvons pas, me semble-t-il, faire autrement. Concrètement, si nous étions confrontés à un véritable credit crunch, selon une expression qui est aujourd'hui quasiment passée dans le langage courant, les conséquences sur nos finances publiques seraient absolument dramatiques, tant il est vrai que notre situation économique, l’état de nos finances publiques et la santé du système financier sont étroitement imbriqués. Par conséquent, c’est ce qu’il nous faut absolument éviter.

Au passage, permettez-moi de vous rappeler un chiffre. La vente de la prise de participation de l’État dans Alstom a rapporté une plus-value de 2 milliards d’euros. Vous en conviendrez, il s’agit d’une bonne affaire. Ainsi, et contrairement à ce que je lis parfois, des prises de participation dans des établissements financiers connaissant une crise temporaire, mais ayant une véritable solidité intrinsèque, peuvent se révéler très positives pour le contribuable.

Monsieur le sénateur, l’Europe n’est pas condamnée à l’impuissance. Au contraire, elle est désormais tenue de se montrer plus active et de faire preuve de plus de coordination. Ses membres doivent discuter davantage et prendre plus de décisions communes.

Pour résister à cette crise, il faut une capacité financière très importante. Nous avons donc, à l’évidence, besoin de l’Europe. Nous ne pouvons pas laisser les États-Unis, qui sont à l’origine de la crise, gérer seuls la sortie de crise. L’Europe doit s’exprimer et régir la sortie de crise.

Nous avons d’ores et déjà mis en œuvre certaines des idées que vous avez énoncées. Je suis beaucoup plus circonspect sur le recours au grand emprunt européen, qui ne me paraît pas être une solution. Un grand emprunt européen, c’est d’abord et avant tout un emprunt !

Au demeurant, les États ne rencontrent pas de problème de liquidités ; ils sont même les seuls, actuellement, à être en mesure de se refinancer. Il existe en revanche un problème d’accès aux liquidités pour les entreprises, et c’est celui-là qu’il faut régler.

Monsieur Adnot, je vous adresse mes félicitations : vous avez réussi à parler du fonds de compensation pour la TVA dans ce débat portant sur la crise financière. Il fallait le faire !

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