Il s'agit d'un problème de fond. En effet, tous ceux qui s'occupent de personnes handicapées ont l'ambition de permettre leur insertion dans le milieu normal, que ce soit dans le milieu de vie ou dans le milieu du travail. Quand on est confronté aux problèmes des personnes qui ont un lourd handicap - je l'ai été en tant que médecin - le fait de leur permettre d'accéder à un poste de travail dans un CAT constitue un résultat formidable, aussi formidable que l'insertion d'un handicapé moins lourd dans le milieu normal.
Il faut que l'on sorte du faux débat où, d'un côté, il y a ceux qui pensent que toutes les personnes handicapées peuvent demain être insérées dans le milieu normal et, de l'autre, ceux qui pensent qu'il faut des foyers de vie, des maisons d'accueil spécialisées - j'ai eu l'honneur de participer à leur création dans la loi de 1975 - des postes de travail dans un CAT, dans un atelier protégé. Ces deux démarches vont dans le même sens.
Madame la secrétaire d'Etat, ce projet de loi enrichira notre législation. La France est déjà en Europe et dans le monde à la pointe de la législation en faveur des personnes handicapées, et le modeste rapporteur que j'étais de la loi de 1975 voulue par le Président de la République de l'époque, par le Premier ministre, Jacques Chirac, avec Simone Veil et René Lenoir, pense que notre pays ne le restera que si l'on garde un équilibre.
Ne considérons pas seulement ceux qui peuvent demain être insérés dans le milieu normal en oubliant ceux qui sont les plus lourdement handicapés. Quand vous recevez les parents désespérés d'un enfant polyhandicapé pour les aider à trouver une solution, et que vous trouvez une place dans un institut médico-éducatif, un IME, un IME pro pour aboutir à un CAT, c'est un formidable succès pour leur enfant handicapé.
Notre mission n'est pas de nous faire plaisir, notre mission est d'offrir à toute personne handicapée, à chaque moment de son existence, les chances de réussir, et celui qui s'éveille tout à coup et qui communique avec les autres alors qu'il était complètement fermé, franchit un grand pas.
Gardons cet équilibre dans notre législation et reconnaissons qu'il est aussi important de se mobiliser pour l'insertion dans le milieu normal que de préparer des institutions capables de prendre en charge les handicapés les plus lourds.