Monsieur le président, monsieur le haut-commissaire, mes chers collègues, lors de la suppression du service militaire, par la loi du 28 octobre 1997, l’idée du service civil volontaire avait été présentée comme une voie possible pour l’avenir.
Regroupant des dispositifs dispersés entre plusieurs ministères, avec des statuts divers et des ressources budgétaires non consolidées à terme, le service civil volontaire français ne s’est peut-être pas suffisamment inspiré de celui de nos voisins, l’Italie par exemple.
Dans ce pays, il est vrai, son origine est entièrement liée au statut de l’objection de conscience du temps de la conscription. Les intéressés ont par ailleurs toujours été affectés principalement à des tâches d’intérêt général. Pas moins de 60 000 jeunes gens et jeunes filles en Italie et près de 100 000 aux États-Unis sont engagés dans tous les domaines d’activités.
L’Allemagne, en revanche, comme l’a rappelé Jean-Pierre Plancade, a maintenu le principe de la conscription tout en professionnalisant une part importante de ses unités. Elle a conservé les options civiles qui relèvent de moins en moins de la seule objection de conscience. Un service civil obligatoire se substitue donc au service militaire pour les personnes qui refusent ce dernier. Ils représentent environ 150 000 jeunes.
La France n’a, hélas, pas encore su mobiliser l’ensemble de ses structures ni ses jeunes dans la promotion de son service civil volontaire. Ses objectifs sont pourtant louables mais ce programme, que d’ailleurs tout le monde réclame, n’a pas su trouver son public. Il représente cependant un investissement dans l’avenir de notre jeunesse, un facteur de cohésion sociale et de transmission de nos valeurs républicaines.
Ce ne sont guère plus de 3 000 recrutements que l’on comptabilise en 2008 et, à ma connaissance, quasi aucun depuis le début de l’année 2009. Environ 2 200 personnes sont actuellement en poste, dont à peine une trentaine pour la région Picardie et, parmi celles-ci, trois dans mon département, l’Aisne. Nous ne pouvons donc qu’améliorer cette situation.
Si, dans notre pays, les jeunes ignorent dans leur majorité la notion même de volontariat, ils restent cependant demandeurs. Je n’oublie pas ceux d’entre eux qui sont investis dans le bénévolat sportif ou humanitaire, dans les mouvements de jeunesse tels que le scoutisme, où sont développées les valeurs de responsabilité, de citoyenneté et de solidarité.
Tous, nous nous accordons sur la nécessité de réussir la promotion de ce projet. En cette période de crise et de chômage, où les jeunes sont durement touchés, les différents rapports, qu’ils soient de Luc Ferry, dans le cadre du Conseil d’analyse de la société, ou de vous-même, monsieur le haut-commissaire, dans le cadre de la commission de concertation sur la politique de la jeunesse, prônent le renforcement du lien social, la transmission des valeurs de citoyenneté et des règles du vivre-ensemble.
C’est un élan nouveau qu’il nous faut donner dans un cadre réinventé, permettant à notre jeunesse de réaliser concrètement des expériences citoyennes en s’investissant dans des missions d’intérêt général. Cette expérience compléterait le rôle de l’école dans un travail d’intégration et d’apprentissage des valeurs républicaines et civiques.
Il serait dommage, pour des raisons financières, de se contenter d’une simple remise en ordre de l’existant, alors même que la minorité de nos concitoyens et des associations ayant vécu cette expérience y ont trouvé une réponse à leurs attentes.
Certains ont évoqué la possibilité d’un service civil obligatoire. En 2005, un appel lancé par un hebdomadaire avait même recueilli 440 signatures de parlementaires de différentes sensibilités, montrant une adhésion certaine.
Cependant, indépendamment de sa faisabilité logistique et opérationnelle, cette piste n’a pas non plus été suivie par nos partenaires de l’Union européenne. La base du volontariat apparaît la plus fédératrice, surtout auprès des jeunes.
C’est donc à vous, monsieur le haut-commissaire, à nous, mes chers collègues, de trouver ensemble les modalités les plus appropriées à sa mise en place.