Intervention de Michel Bécot

Réunion du 9 décembre 2004 à 11h00
Loi de finances pour 2005 — Iv. - tourisme

Photo de Michel BécotMichel Bécot :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, comme chaque année, la présentation des crédits réservés au secteur du tourisme est l'occasion, pour le Sénat, de faire le point sur les performances d'un secteur économique de toute première importance pour notre pays, notamment pour l'équilibre de sa balance des paiements.

La France reste encore - malgré tout, dirais-je - la première destination touristique du monde.

Mais il est à craindre que, derrière des phénomènes conjoncturels, ne se dissimulent des tendances qui semblent s'être confirmées pendant la saison touristique 2004 : la désaffection des clientèles européennes, qui constituent plus de 80 % de notre clientèle étrangère, et l'évolution à la baisse du taux de départ des Français ; leurs séjours sont de plus en plus courts et en majorité hors du secteur marchand.

Ce budget pour 2005 s'inscrit donc, encore une fois, dans un contexte international difficile : les différentes crises géopolitiques mondiales, le terrorisme, l'émergence de pays concurrents freinent sans aucun doute le développement de ce secteur.

L'année 2003 devrait rester comme une année difficile pour le tourisme et pour l'hôtellerie française. Tourné vers la clientèle internationale de loisirs et d'affaires, le marché d'Ile- de-France a été le plus touché, notamment dans le haut de gamme.

Les signes de reprise d'activité perceptibles sur le premier semestre font toutefois espérer une meilleure année 2004. Elle devrait être une année charnière entre le creux du marché de 2003 et la reprise plus franche que la profession anticipe pour 2005.

L'industrie touristique est aujourd'hui en pleine mutation. Elle doit réagir rapidement face aux crises économiques récurrentes, conjoncturelles, sanitaires, aux tensions internationales ou encore aux aléas climatiques. Elle doit saisir les opportunités liées à l'accroissement des flux touristiques et adapter son offre à l'évolution des attentes de la clientèle.

Nous nous devons d'anticiper sur les effets du développement des transports, de la croissance des compagnies low cost et de l'évolution des moyens d'information et de ventes électroniques par le média Internet qui met, en temps réel, à disposition de tout client du monde entier, des informations sur les événements qui affectent telle ou telle destination et des renseignements précis sur le contenu des produits et surtout des prix.

Le tourisme doit donc être soutenu au plus haut niveau de l'Etat.

Ce qui caractérise le plus le tourisme, c'est certainement l'obligation d'un travail en partenariat entre l'Etat, les collectivités locales et le secteur privé. Qu'il s'agisse d'élaborer des stratégies, des schémas ou des plans de développement, de porter des projets ou de promouvoir nos destinations régionales, nous devons associer ces différents acteurs le plus en amont possible, dans un exercice qui, j'en conviens, s'avère de plus en plus complexe.

Les moyens budgétaires réservés à l'Agence française de l'ingénierie touristique, l'AFIT, que j'ai l'honneur de présider, sont reconduits au même niveau qu'en 2004, et je ne peux que m'en réjouir.

Groupement d'intérêt public, l'AFIT est l'association de neuf ministères concernés par le tourisme, d'établissements publics de l'Etat, d'organismes représentatifs des collectivités locales, de diverses structures publiques et privées concernées par le développement du tourisme et d'entreprises.

Il a pour mission de favoriser l'adaptation de l'offre touristique française aux évolutions de la société et de la consommation pour mieux répondre à la demande, d'améliorer la compétitivité de ce secteur, de veiller à l'aspect durable des projets de développement et de faire face à la concurrence internationale.

Elle a donc un rôle d'assistance technique primordial et participe à la politique internationale du ministère délégué en contribuant à l'export d'ingénierie et de savoir-faire français à l'étranger. A cet égard, je remercie le Gouvernement d'avoir globalement consolidé ses moyens pour 2005, particulièrement dans un contexte de maîtrise des dépenses publiques.

Je veux saluer la fusion prochaine, au 1er janvier 2005, de l'Agence avec l'Observatoire national du tourisme et le service d'étude et d'aménagement touristique de la montagne, qui donnera naissance au nouveau groupement d'intérêt public. Indéniablement, cette initiative permettra une meilleure lisibilité et une meilleure efficacité des actions entreprises dans le secteur du tourisme. Je m'efforcerai, à vos côtés, de la soutenir.

On ne le dira jamais assez : « La promotion est non pas un luxe, mais une nécessité. »

Monsieur le ministre, vous augmentez, cette année encore, les crédits alloués à Maison de la France. Son efficacité n'est plus à démontrer, elle pourra encore amplifier sa politique de prospection des marchés étrangers et améliorer son positionnement stratégique.

La nouvelle stratégie marketing de Maison de la France pour 2005-2010 permettra de mener à bien une politique ambitieuse, grâce à une augmentation des crédits de 3, 41 % par rapport aux crédits inscrits en loi de finances initiale pour 2004.

Je ne voudrais pas terminer mon propos sans évoquer la baisse du taux de TVA unique de 5, 5 % pour la restauration, qui provoquera des créations d'emplois dont nous avons bien besoin.

Nous savons que cette demande des restaurateurs a été très soutenue à Bruxelles par le Premier ministre. Elle avait des chances d'aboutir en 2004, nous restons confiants. Cette mesure est essentielle pour notre pays, notamment pour son activité touristique. Je vous remercie, monsieur le ministre, de bien vouloir faire le point sur ce dossier.

En conclusion, dans un contexte très particulier de maîtrise des dépenses publiques, votre budget, monsieur le ministre, met à disposition pour 2005 des moyens en augmentation de 6, 38 % par rapport à l'an dernier. Ce chiffre tient compte de la lettre-plafond des dépenses du Premier ministre, qui prévoit une dotation supplémentaire de 2 millions d'euros en loi de finances rectificative pour 2004.

Par ailleurs, je me réjouis de la solution qui a été arrêtée, en liaison avec le secrétaire d'Etat au budget et à la réforme budgétaire, s'agissant du tourisme social.

C'est donc dans le cadre du projet de loi de finances rectificative pour 2004 que le programme de consolidation des hébergements de tourisme social se verra allouer 2 millions d'euros en autorisations de programme et 1 million d'euros en crédits de paiement, qui viendront s'ajouter au million d'euros de crédits de paiement qui figure déjà dans le projet de loi de finances pour 2005.

En outre, je soutiendrai, avec mes collègues de l'UMP, l'excellente initiative de notre collègue Charles Ginésy, rapporteur pour avis du budget du tourisme, au nom de la commission des affaires économiques, qui présentera un amendement visant à assurer la pérennité de ce plan en 2006 et au-delà.

Cet amendement prévoit notamment de demander au Gouvernement de présenter un rapport au Parlement indiquant avec précision l'état d'avancement du programme de consolidation des hébergements de tourisme social au 31 décembre 2004.

Ce rapport devra également faire état des effets directs et indirects des réalisations de ce programme sur l'accueil des vacanciers relevant des publics cibles du tourisme social, ainsi que sur la consolidation et le développement des différents secteurs de l'économie régionale.

Enfin, ce rapport devra indiquer les perspectives d'un achèvement du programme conforme aux prévisions budgétaires initiales de l'Etat et de son renouvellement pour une nouvelle période de programmation.

Nous souhaitons que cet amendement reçoive l'avis favorable du Gouvernement, et nous le voterons.

Monsieur le ministre, nous approuvons sans réserve les orientations que vous avez choisies, car nous sommes conscients que votre démarche permettra de renforcer les principaux attraits de la France, de renforcer ces images qui viennent spontanément à l'esprit des étrangers à travers le monde et qui ne sont rien d'autre que les multiples facettes d'un art de vivre de qualité.

Monsieur le ministre, vous menez une politique volontariste ; vous avez voulu une politique interministérielle, intelligente et pragmatique, coordonnée avec les régions, les départements et les villes, dans le respect des compétences définies par la décentralisation.

Grâce à votre ténacité, et avec l'aide de vos équipes, monsieur le ministre, vous avez su faire adhérer le Premier ministre à votre politique et le convaincre de l'importance des démarches que vous avez entreprises.

N'oublions pas que deux comités interministériels se sont tenus, alors qu'il n'y en avait pas eu un seul depuis vingt ans. C'est vous qui avez obtenu cela et je voulais le dire haut et fort à cette tribune.

Le budget du tourisme pour 2005 vous permettra de poursuivre les actions entreprises en 2004, notamment la mise en oeuvre du plan qualité France, et d'accentuer l'effort en faveur du renforcement de l'attractivité de notre pays. La France ne peut se permettre de perdre la bataille du tourisme. Votre budget traduit votre détermination à aller dans ce sens.

C'est la raison pour laquelle, le groupe de l'UMP, confiant dans votre politique, votera le budget du tourisme pour 2005 avec un réel optimisme.

Par ailleurs, nous nous réjouissons de l'examen prochain d'un projet de loi spécifiquement consacré au tourisme.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion