Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, dans un contexte européen et international morose, mais de plus en plus concurrentiel, l'économie touristique conserve un potentiel de développement énorme pour notre pays ces prochaines années, même si la baisse de la fréquentation touristique est particulièrement inquiétante.
Plus de 225 000 entreprises travaillent directement ou indirectement pour le tourisme en France. La succession de crises internationales majeures depuis septembre 2001 - la guerre en Afghanistan, puis en Irak, l'épidémie de SRAS, syndrome respiratoire aigu sévère - a eu un impact extrêmement négatif, notamment sur le trafic aérien.
L'année 2003 a été porteuse de quelques espoirs dans ce domaine, mais 2004 aura été une année encore très difficile pour de nombreuses compagnies aériennes, en particulier américaines. Air France, grâce à sa fusion avec KLM, semble mieux s'en sortir que d'autres. Cependant, d'autres facteurs aussi importants viennent accélérer cette tendance négative.
La clientèle européenne, qui représente 80 % de notre clientèle étrangère, se détourne sensiblement de notre pays et le taux de déplacement des Français est en baisse notable. Avec ces crises, nous prenons davantage conscience de la dépendance et de la fragilité de l'activité touristique.
D'un autre côté, des perspectives considérables s'ouvrent aux professionnels du tourisme, avec l'arrivée de nouvelles clientèles russes et chinoises, qui pourraient représenter plus d'un million de visiteurs d'ici à 2009.
L'augmentation de 3, 5 %, par rapport à la loi de finances initiale de 2004, des crédits de Maison de la France concourt à développer la promotion de l'image de notre pays à l'étranger, avec, entre autres, le renforcement des campagnes Bonjour et Bienvenue en France.
Face à cette situation difficile, je tiens à saluer les efforts du Gouvernement - en particulier les vôtres, monsieur le ministre - pour soutenir, développer et réformer le secteur touristique, qui est très important pour notre pays en termes de croissance, donc de création d'emplois, mais aussi en termes de développement de nos régions et de nos départements.
Le secteur touristique permet à de nombreuses communes rurales, à travers différents services directs ou indirects, de maintenir une certaine activité.
Plusieurs décisions vont dans la bonne direction.
Avant toute chose, rappelons la convention signée en février dernier par les ministères délégués au tourisme et aux anciens combattants en vue d'améliorer l'accueil sur les sites de mémoire, et qui portera ses fruits bien au-delà du soixantième anniversaire de la Libération.
Le Gouvernement a aussi pris toute la mesure de l'importance du tourisme rural en améliorant les aides à l'emploi, à la formation, en soutenant les équipements touristiques, ou encore en menant des opérations tendant à la valorisation et à la protection du patrimoine naturel et rural, notamment avec l'attribution d'un label « Grand site ».
La consommation touristique en milieu rural représentait, en 2003, près de 20 % de la consommation touristique totale en France.
J'insiste, monsieur le ministre, sur la nécessité de coordonner les différentes politiques si l'on veut voir affluer un plus grand nombre de touristes sur notre territoire : politique de la formation, politique de la sécurité et politique de l'aménagement du territoire.
Avec la réforme de la décentralisation, les élus locaux seront beaucoup plus impliqués. Dans le département de la Loire, qui possède de grands atouts touristiques, nous souffrons d'un enclavement routier, ferroviaire et aérien assez important, qui ne facilite pas la promotion de notre territoire.
Dans un monde où les touristes font de plus en plus attention à la qualité de leur voyage et à la durée du temps de transport, cela me semble très important. Dans ce domaine, tout le monde doit faire des efforts : l'Etat, les régions et les départements.
Les crédits des contrats de plan Etat-région devraient atteindre 3, 3 millions d'euros, soit une hausse de 2, 8 %.
La question du logement des saisonniers, longtemps ignorée par les employeurs et par l'Etat, a été abordée avec franchise et courage par le Gouvernement. Les saisonniers devraient bénéficier de meilleures conditions de logement.
Le Comité interministériel sur le tourisme du 23 juillet 2004 a demandé la préparation d'une convention entre l'Agence nationale pour l'emploi et les professionnels. Celle-ci permettra de faciliter le recrutement de personnes voulant travailler dans ce secteur : plusieurs dizaines de milliers d'offres d'emploi ne sont pas satisfaites.
Les efforts en matière de formation sont indispensables pour répondre à une clientèle internationale de plus en plus exigeante en matière de services.
L'alignement du SMIC hôtelier a été une bonne nouvelle, ainsi que les incitations fiscales pour l'investissement dans les résidences de tourisme prévues par la loi de finances de 2004. A quand, monsieur le ministre, la baisse de la TVA à 5, 5 % dans la restauration ?
Par ailleurs, le débat sur le pouvoir d'achat des Français me paraît tout à fait judicieux. Il est plus que probable que cela influe très fortement sur le comportement de nos concitoyens lorsqu'ils choisissent une destination étrangère plutôt que la France. Malheureusement, c'est de moins en moins marginal
Je note encore avec satisfaction la décision de regrouper place de Catalogne, à Paris, l'ensemble des services et organismes - l'AFIT, le CNT, etc. - qui définissent et mettent en oeuvre la politique du tourisme. Sans perdre les missions qui leur sont attribuées, cela ne pourra que renforcer l'efficacité et la cohésion de leurs politiques.
Mis en place pour valoriser la qualité des prestations offertes sur son territoire et, ainsi, se différencier de ses concurrents, le plan qualité France devrait bénéficier d'une dotation de 1, 7 million d'euro pour 2005.
En ce qui concerne le programme de consolidation des hébergements de tourisme social, je ne vous cacherai pas que je suis surpris de la baisse importante de ses dotations pour la deuxième année consécutive, surtout après les différentes mesures sociales que nous avons évoquées auparavant.
Enfin, de nombreux élus s'inquiètent de la réforme de la dotation aux communes, alors que ces dernières, en particulier lorsqu'elles sont très touristiques, réalisent des investissements importants.
Monsieur le ministre, le Gouvernement a engagé une véritable politique du tourisme, qui s'est traduite par la réunion de deux CIT en moins de un an, alors qu'aucun CIT n'avait été réuni en vingt ans!
Nous devons accentuer cette politique volontariste, qui est essentielle non seulement au niveau économique, mais aussi en termes d'image pour notre pays. Il nous faudra impérativement être au rendez-vous lorsque la croissance de ce secteur repartira à la hausse. Mais je n'en doute pas !
Dans la perspective de l'organisation des jeux Olympiques de 2012 par la ville de Paris, quel beau défi à relever ! En attendant, il appartient à chaque Français d'être l'ambassadeur de son pays à l'étranger. Pour toutes ces raisons, je voterai le budget pour 2005.