Intervention de Nicolas About

Réunion du 6 novembre 2006 à 15h45
Prélèvements obligatoires — Débat sur une déclaration du gouvernement

Photo de Nicolas AboutNicolas About, président de la commission des affaires sociales :

Puisque vous êtes toujours très sensible à cette notion, monsieur le ministre délégué au budget, je soulignerai qu'il s'agit plutôt là de stocks que de flux !

D'autres transferts encore ont été réalisés en 2006 et interviendront en 2007. Je les mentionne pour bien montrer qu'il s'agit non pas de quelque chose de ponctuel, mais bien d'un moyen assez commode de diminuer les masses budgétaires et, au bout du compte, de faire apparaître une progression des dépenses de l'État très vertueuse, contrairement à celle de la sécurité sociale...

En 2006, il y a eu le transfert du financement des centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues, du fonds d'indemnisation des transfusés hémophiles, des « communautés thérapeutiques » pour les toxicomanes, et, surtout, la réforme du système de couverture maladie des enseignants du privé, pour environ 140 millions d'euros.

Pour 2007, l'article 56 du projet de loi de finances prévoit de conférer un caractère subsidiaire à l'allocation de parent isolé par rapport aux autres prestations sociales, notamment l'allocation de soutien familial, à la charge de la CNAF. Cette mesure aura pour conséquence un transfert de charges vers la CNAF évalué à 140 millions d'euros en année pleine.

Compte tenu de tous ces éléments, il me paraît un peu rapide de se féliciter de la baisse des prélèvements de l'État au sein des prélèvements obligatoires et de montrer du doigt l'augmentation des prélèvements sociaux, qui représentent désormais, comme cela a déjà été dit, plus de la moitié des prélèvements obligatoires.

Il faut en effet regarder quelles dépenses servent à financer ces prélèvements, comme l'a très clairement et justement indiqué Alain Vasselle voilà quelques instants. À cet égard, je voudrais attirer votre attention, mes chers collègues, sur quelques ordres de grandeur qui permettent de bien resituer les finances sociales dans leur contexte.

Ainsi, les dépenses sociales constituent une masse proche de 400 milliards d'euros, soit 125 milliards d'euros de plus que le budget de l'État, ce qui représente un écart équivalant, par exemple, à deux fois le montant de l'impôt sur le revenu.

En outre, le déficit de la sécurité sociale est quatre fois inférieur à celui de l'État : 10, 2 milliards d'euros pour l'ensemble des régimes de base et des fonds en 2007, au lieu de 41, 6 milliards d'euros pour le budget de l'État ; ces déficits représentent respectivement, en pourcentage, 2, 6 % des dépenses pour la sécurité sociale et 15, 6 % des dépenses pour l'État.

Cette comparaison vise à montrer que, si le problème du déficit de la sécurité sociale est bien réel et nécessite à l'évidence des mesures de financement, il est néanmoins sans commune mesure avec celui du budget de l'État.

Nous savons que la sécurité sociale doit revenir à l'équilibre, car il n'est pas admissible de reporter sur les générations futures nos dépenses de santé et de retraite d'aujourd'hui.

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