Intervention de Christiane Demontès

Réunion du 18 octobre 2010 à 10h00
Réforme des retraites — Article 25 undecies

Photo de Christiane DemontèsChristiane Demontès :

C'est un fait connu dans l’histoire de la littérature : Stendhal lisait le code civil, dont il trouvait la langue particulièrement fluide, claire et concise. Il y voyait une leçon de style, ce qui nous prouve une nouvelle fois la modestie des plus grands.

Dans les derniers jours précédant sa mort, Schubert prenait des leçons de contrepoint, autre exemple qui doit nous inciter à la méditation.

Pour notre part, dans une perspective moins artistique mais non dénuée d’importance, nous nous contentons du code du travail !

Que disent aujourd'hui les articles consacrés aux services de santé au travail ?

L'article L. 4622-2 dispose que « les services de santé au travail sont assurés par un ou plusieurs médecins qui prennent le nom de médecins du travail ». Mais, parallèlement, l’article L. 4622-1 précise que « les employeurs organisent les services de santé au travail ». En outre, l'article L. 4622-6 indique que « les dépenses afférentes aux services de santé au travail sont à la charge des employeurs ».

Les éléments sont donc bien en place depuis la transformation des services de médecine du travail pour opérer le glissement que met en œuvre ce projet de loi. L'article 25 undecies est la pierre de touche de ce glissement : il met en place un système absolument impraticable, mais c’est précisément son unique finalité.

Nous considérons cet article comme une feinte. On y feint en effet de ne pas faire de choix, de garantir à la fois l’organisation des actions du SST, le respect du projet pluriannuel et l’indépendance des médecins.

En fait, sa rédaction conduit à ne garantir que l’autorité des conseils d’administration, au sein desquels les financeurs auront une place prépondérante.

Le lien entre les deux phrases du second alinéa de l’article est intéressant : d’une part, le directeur du service devra organiser les actions approuvées par le conseil d’administration dans le cadre du projet de service pluriannuel ; d’autre part, il devra garantir l’indépendance du médecin du travail.

Mes chers collègues, il arrivera fatalement un moment où cet édifice ne tiendra plus. Et les rédacteurs de ce texte le savent ! Il arrivera forcément un moment où le projet de service pluriannuel sera contredit par la réalité et où le médecin devra agir en tant que médecin indépendant et non en tant que salarié.

Que pourra alors faire le directeur du service ? Aller contre le conseil d'administration, ou mettre en œuvre une procédure de licenciement ? Mais le pourra-t-il seulement, sans mettre en jeu sa responsabilité de garant devant les prud’hommes ?

On voit bien que la volonté des rédacteurs de ce texte - des rédacteurs patronaux - est d’exonérer le président du conseil d'administration à l’origine exclusivement patronal de sa responsabilité, et de reporter celle-ci – avec les ennuis qui peuvent en découler – sur un salarié.

Voilà pourquoi nous demandons que l’article 25 undecies soit supprimé.

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