L'année 2007 sera celle du centenaire du mouvement des vignerons du Languedoc-Roussillon, un événement qui a marqué l'histoire non seulement du Midi, et tout particulièrement du département de l'Aude, mais également de la France.
Afin de donner à cette commémoration le retentissement qu'elle mérite, le conseil général de l'Aude a sollicité auprès de vous, monsieur le ministre, l'inscription de cette dernière au titre des grandes célébrations nationales de l'année 2007.
Monsieur le ministre, l'histoire de la viticulture, c'est l'histoire de nos régions du Sud ; c'est notre histoire, notre culture, ce sont nos racines. Cette histoire a modelé les paysages, façonné le coeur et l'esprit des habitants. Elle est parfois douloureuse, tout particulièrement en ce moment, et parfois aussi dramatique, comme le furent les événements de 1907, qui ont marqué à jamais un peuple et une région.
L'année 1907, c'est une crise viticole majeure, avec des rassemblements populaires jamais égalés dans l'histoire de la République, par leur nombre, leur force, mais aussi par leur côté pacifique, discipliné, digne et déterminé à la fois. C'est aussi de grandes figures de l'histoire du Midi, comme Marcellin Albert, le leader, Ernest Ferroul, le maire de Narbonne, et d'autres encore. Mais c'est aussi l'attentisme de l'État, le durcissement du mouvement, le drame, avec la mort de plusieurs civils, les émeutes et la mutinerie d'un régiment d'infanterie qui rendront ces événements dramatiques. Ce fut très certainement le tout premier mouvement de défense régionale de grande ampleur émanant d'hommes et de femmes qui ne demandaient qu'à vivre dignement du fruit de leur travail.
Toutefois, ce mouvement n'a pas été sans conséquences sur l'histoire non seulement de la région, mais également de la nation.
Il représente, tout d'abord, une étape importante dans l'intervention de l'État pour réguler l'économie de marché dans le domaine agricole. Il conduira d'ailleurs, quelques années plus tard, au vote d'un ensemble de lois connues sous le nom de « statut de la viticulture », puis, ultérieurement, à la création des offices.
Ce mouvement débouchera également sur la mise en place de la Confédération générale des vignerons du Midi, la CGVM, une organisation syndicale ayant pour ambition de rassembler l'ensemble de la profession viticole du Midi, ce qu'elle fit tout au long du xxe siècle.
Mais les événements de 1907 auront aussi des conséquences nationales. Ainsi, à la suite de la mutinerie du régiment d'infanterie, tout au long du xxe siècle, les conscrits seront affectés loin, très loin, de leur région d'origine.
Enfin, et ce n'est pas la moindre des choses, l'année 1907 constitue toujours et encore le terreau d'une création artistique et littéraire, prouvant ainsi combien la conscience collective aura été durablement marquée. Ne dit-on pas qu'un peuple sans mémoire est un peuple sans identité et que « jamais les hommes ne devraient imaginer le futur en oubliant leur propre histoire » ? Voilà pourquoi je souhaite vous convaincre, monsieur le ministre, au nom du président du conseil général de l'Aude et de mes collègues parlementaires, du bien-fondé de l'inscription de cette commémoration au titre des grandes célébrations nationales de l'année 2007.
Vous le savez, le Midi a le sentiment, très justifié d'ailleurs, de n'être pas souvent entendu de Paris.