Intervention de Jean Faure

Réunion du 21 février 2006 à 22h15
Diverses dispositions relatives au tourisme — Article 14

Photo de Jean FaureJean Faure :

J'ai bien écouté les exposés de nos collègues et leurs points de vue sur le « racket des raquettes ». Monsieur Desessard, je me demande si vous avez fait beaucoup de raquettes dans votre vie, car je ne m'y retrouve pas du tout ! J'avais même plutôt l'impression d'écouter des chansonniers dans une boîte de la riche gauche, tant votre talent pourrait tromper. En tout cas, il ne peut convaincre les montagnards !

Quel est notre problème, monsieur Desessard ? Je pose également la question à M. Voguet. Vous pensez bien que ce n'est pas de racketter les raquettes en demandant la somme de 2 euros !

Ma commune, qui est la plus grande station nordique de France, accueille des milliers de personnes qui pratiquent la raquette, la marche à pied, le ski de fond. Toutes utilisent le même territoire et, moi, je ne cesse de gérer des conflits d'usage de l'espace !

C'est grotesque de caricaturer le « racket des raquettes ». Il faut ne jamais avoir fait de raquettes pour dire des choses pareilles ! En effet, tous les pratiquants de ce sport n'ont pas besoin d'un sentier damé ! Il s'agit bien souvent de personnes athlétiques qui ont entre vingt-cinq et quarante ans et dont la condition physique est excellente. À l'image de ceux qui font du ski hors piste, ils vont seuls sur la belle poudreuse d'un col, d'un sommet, en pleine nature ! Mais ces personnes-là sont capables de tenir le rythme pendant une promenade en forêt d'une heure ou de deux heures en pataugeant dans ce que l'on appelle chez nous de la « peuf », c'est-à-dire la choucroute ou la semoule. Mais vous ne connaissez pas cela !

Le problème vient de la plupart des vacanciers qui, eux, ont une petite condition physique. Quand ils ont marché un quart d'heure dans de la profonde, ils en ont marre et empruntent alors les pistes de fond. Piétiner une piste damée avec des raquettes équivaut alors à marcher sur un sentier non plus avec des couvercles de lessiveuse aux pieds, comme le prétendent certains opposants, mais avec de véritables crampons ! Dans ces conditions, une cohorte de jarrets d'acier ou de grimpeurs marchant en colonne deux par deux et discutant transforme vite en champ de labour une belle piste de skating plate et aménagée. Il s'ensuit conflits et coups de bâton avec ceux qui ont payé pour pratiquer le ski de fond et qui ne le peuvent plus !

Dimanche dernier encore, j'ai assisté à de tels conflits entre des conducteurs d'attelages de chiens de traîneau qui avaient emprunté incidemment une piste de fond, 150 randonneurs au moins, chaussés de raquettes et des skieurs de fond qui étaient contents d'avoir trouvé dans la commune une piste superbe. Mais comment expliquer à ces adeptes des raquettes qu'ils ne doivent pas emprunter de telles pistes si l'on ne leur propose pas d'autres espaces ? Car il n'est pas question de leur interdire l'accès à la nature !

Dans ma commune, deux cents kilomètres de pistes de ski de fond sont tracés depuis trente ans, et cinquante kilomètres de sentiers sont damés, fléchés et entretenus pour la pratique des raquettes. Mais le fait d'avoir les deux ne suffit même pas ; on ne sait plus gérer.

Je ne prétends pas que le péage soit la meilleure réponse. Quoi qu'il en soit, l'amendement que j'ai déposé vise à permettre à tout un chacun, à tout instant, d'aller où il veut dans la nature, sauf sur les espaces aménagés. Ceux qui ne veulent ni des pistes de fond, ni des itinéraires de randonnée damés devront se promener ailleurs. Ils peuvent bien laisser à ceux qui ont payé les 30 hectares aménagés sur les 4 570 hectares utilisables que compte ma commune !

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