Vous nous parlez de « temps choisi », d'« accord entre l'employeur et le salarié ». Seuls les salariés « qui le souhaitent » seront concernés par les heures choisies. Mais j'aurai l'occasion, avec mes amis, de décortiquer la méthode utilisée par les députés, auteurs de la proposition de loi, exécutants des basses oeuvres que le Gouvernement ne souhaite pas endosser, pour démanteler ce qui, au-delà des insuffisances, des effets pervers, était porteur d'un progrès de civilisation manifeste, incontestable.
Oui, je parle d'hypocrisie, car comment oser parler de choix, de liberté, alors que des salariés confrontés à une régression continue de leur pouvoir d'achat, peuvent être tentés de renoncer à leurs droits pour desserrer d'un petit cran leur ceinture ? Comment oser parler d'accord entre salariés et entreprises, alors que le patronat, en ces temps de chômage massif, de précarité, se trouve systématiquement là pour imposer aux salariés une dégradation de leurs conditions de travail ?
Le chantage au licenciement n'est apparemment connu de personne à droite de cet hémicycle. Ces notions de désir, de choix, de liberté sont déplacées.
La réalité, c'est que le Gouvernement et sa majorité, suivant en cela une directive du patronat, imposent un recul social considérable, contre l'avis largement majoritaire de la population. La droite répond à une revendication légitime qui monte chez les salariés, à savoir la progression de leur pouvoir d'achat, par cette formule lapidaire : travaillez plus !
Vous faites fi de l'épanouissement humain, du droit au repos et à la vie de famille. Vous faites fi de la dignité humaine. Et cela, au nom d'un seul principe : préserver le taux de profit et le dynamiser toujours plus.
Pourquoi ne pas se poser cette question dont la réponse me paraît évidente : et si l'on répartissait différemment les richesses pour permettre aux salariés de percevoir plus sans exiger un travail supplémentaire ?
Cette intention, qui fait si mal aux oreilles des partisans indéfectibles d'une protection absolue des actionnaires et de leurs dividendes, choque la majorité sénatoriale.
La lecture des derniers résultats des grandes entreprises françaises, si elle ne vous fait pas réfléchir, fait certainement s'interroger nombre de nos compatriotes.
Vous vous attaquez aux 35 heures ! Vous cherchez encore et toujours à améliorer la productivité au détriment des créations d'emplois, alors que d'aucuns s'accordent à reconnaître les profits réalisés l'année dernière comme éhontés !
C'est aux salariés que l'on demande de faire des efforts, toujours et encore, alors que les dividendes distribués en 2004 et 2005 aux actionnaires par les entreprises du CAC 40 devraient croître de 43 % environ sur deux ans.
Je ne prendrai que quelques exemples :
L'Oréal : 143 % de taux d'augmentation des bénéfices en 2004, soit l'équivalent en marge dégagée de 240 000 salaires moyens annuels !
Total : 9 millions d'euros de profits en 2004, de quoi rémunérer 1, 2 million d'emplois pendant un an !