Monsieur le président, messieurs les secrétaires d'État, mes chers collègues, mon propos portera essentiellement sur les crédits réservés au secteur du tourisme.
L'an dernier, l'ensemble des crédits du tourisme étaient identifiés dans le programme 223, qui était rattaché à la mission interministérielle « Politique des territoires », sous l'égide du ministère des transports, de l'équipement, du tourisme et de la mer.
Cette année, le programme « Tourisme » disparaît en tant que tel pour devenir l'une des onze actions du programme 134 « Développement des entreprises, des services et des activités touristiques » de la mission « Développement et régulation économiques », mise en oeuvre par le ministère de l'économie, des finances et de l'emploi.
S'il faut se réjouir du rattachement du tourisme, dans un Gouvernement resserré, au ministère de l'économie, des finances et de l'emploi, affirmant la vocation économique d'un ensemble d'activités appartenant au secteur des services et fortement liées aux échanges extérieurs de notre pays, je me permets de déplorer, en revanche, qu'il soit relégué au rang d'action.
Ce programme 134, très hétéroclite, se présente comme une simple juxtaposition des onze actions qui le composent, sans autre cohérence que celle de relever de la responsabilité d'un même ministère.
L'intervention de l'État dans le secteur du tourisme, aux côtés des professionnels et des associations, constitue à l'évidence une politique publique autonome dont la finalité est bien de concourir au développement d'une activité économique essentielle pour notre pays. Je ne peux donc que regretter la suppression du programme « Tourisme », qui a toute sa place dans la maquette budgétaire.
Les crédits consacrés au tourisme font l'objet d'une présentation globale trop succincte dans le projet de budget pour 2008, sans qu'il soit possible de déterminer les moyens affectés à chacun des objectifs de la politique menée en ce domaine. Il semble pourtant important de regrouper l'ensemble des actions concernant le tourisme dans un programme spécifique.
C'est la raison pour laquelle je me félicite de l'adoption, par nos collègues de l'Assemblée nationale, le 16 novembre dernier, de deux amendements identiques, dont l'un présenté au nom de la commission des finances, visant à rétablir un programme « Tourisme » à part entière.
Je souhaite, monsieur le secrétaire d'État, que vous puissiez me confirmer votre accord sur ce point. Il s'agit pour les professionnels d'un signe fort auquel ils attachent une particulière importance.
La France a réussi à maintenir sa place de première destination touristique du monde, mais pour combien de temps encore ? Il est essentiel de maintenir cette place et d'accroître les recettes de ce secteur.
La France vit sur ses acquis ; elle doit se donner les moyens de conserver une position aujourd'hui menacée, en raison notamment d'une concurrence internationale de plus en plus vive et de l'émergence de nouveaux pays touristiques.
La France perd du terrain dans la compétition internationale, sous l'effet d'un tassement des recettes, alors que le tourisme mondial affiche une croissance supérieure à 5 %. Le tourisme représente l'un des atouts majeurs de notre pays ; il est la première industrie, devant l'automobile et l'agroalimentaire. Il génère globalement trois millions d'emplois et doit donc être fortement soutenu par l'État.
Bien qu'il constitue depuis plusieurs années la plus grande partie de l'excédent de la balance des paiements, il existe une marge de progression importante pour notre économie en termes de recettes, puisque la France n'est classée qu'au troisième rang mondial pour les recettes induites, après les États-Unis et l'Espagne.
Le positionnement géographique central de notre pays en Europe, au coeur des transhumances touristiques entre le Nord et le Sud, explique pour une part nos 76 millions de visiteurs. Notre principale faiblesse est notre difficulté à conserver suffisamment longtemps les touristes étrangers sur notre territoire.
Si nous avons pris conscience de la nécessité d'améliorer la qualité de notre accueil, avec notamment la mise en place du plan Qualité Tourisme, il reste encore des efforts à réaliser dans ce domaine. Nous devons nous attacher à rénover nos infrastructures et à améliorer la qualité de nos prestations pour séduire des clientèles de plus en plus sollicitées.
Par ailleurs, en tant que président d'ODIT France, je mesure chaque jour à quel point nos offres en matière de tourisme doivent évoluer. Nous devons aller d'un tourisme de « cueillette » vers un tourisme organisé, avec une meilleure adaptation aux demandes différentes qui émanent des jeunes, des seniors, des nouvelles familles. Notre parc n'est plus adapté, monsieur le secrétaire d'État, et nous devons faire des efforts significatifs pour y remédier.
Au coeur de cet objectif, l'ingénierie, qui doit accompagner les porteurs de projets, bien souvent des collectivités, est de plus en plus sollicitée, tant la complexité des projets s'accentue.
Cet outil opérationnel qu'est ODIT France, dans lequel les compétences sont rassemblées pour créer des produits nouveaux, doit être davantage soutenu, ainsi que la mission essentielle de promotion qui doit l'accompagner, dévolue à Maison de la France.
Monsieur le secrétaire d'État, je voudrais redire combien il importe que le tourisme soit de nouveau identifié en tant que programme au sein de la mission « Développement et régulation économiques » dans le prochain projet de loi de finances, en raison de la spécificité et de l'importance économique de ce secteur.
En conséquence, je souhaite que les dispositions adoptées par nos collègues députés soient maintenues. Le Gouvernement doit mettre en adéquation l'importance qu'il affirme vouloir donner à une véritable politique du tourisme en France avec les instruments budgétaires qui permettront de lui donner une lisibilité et une visibilité réelles.
Je vous remercie, monsieur le secrétaire d'État, des précisions que vous voudrez bien m'apporter sur l'ensemble de ces points. Je connais votre volonté de développer les activités touristiques de notre pays ; vous pouvez donc compter sur nous pour vous accompagner en votant les crédits nécessaires.