Mes chers collègues, vous savez avec quelle violence le sud-ouest de la France a été frappé par la tempête Klaus du 24 janvier dernier.
Au bilan humain tragique – dix-sept personnes ont été tuées, six en France et onze en Espagne, et de nombreuses autres blessées – s’ajoute un bilan écologique et économique désastreux.
Les massifs forestiers ont été fortement touchés. Selon les estimations de l’Inventaire forestier national, ce sont plus de 42, 5 millions de mètres cubes de bois qui ont été déracinés, les départements des Landes, de la Gironde et du Lot-et-Garonne représentant 94 % de ce volume. Néanmoins, n’oublions pas les forêts du Languedoc-Roussillon et de Midi-Pyrénées, qui ont également subi de lourds dégâts.
Je rappelle que c’est la deuxième fois en à peine dix ans que les forêts françaises sont frappées par un tel événement climatique : la tempête Klaus de 2009 succède à celle des 26 et 27 décembre 1999, dévastant de cinq à six années de récolte.
Les conséquences économiques sont graves, et l’heure est à la mobilisation de tous les acteurs sur le terrain. Un mètre cube de pin au sol, c’est une tonne de CO2 qui ne sera pas capturée : imaginez les dégâts écologiques que représente une telle tempête !
Il est donc indispensable de reconstituer ce formidable poumon vert de la France. Dans notre pays, le massif forestier dans son ensemble capture 10 % des émissions de CO2.
D’importants moyens financiers sont nécessaires pour atteindre cet objectif. Or, les acteurs économiques –sylviculteurs, agriculteurs, communes forestières – ne pourront à eux seuls absorber un tel choc ni supporter une telle pression financière. Victimes de la tempête de 1999 et de la baisse récente de la demande du secteur du logement, notamment en Espagne, ils ne pourront faire face aux investissements nécessaires sans une aide significative de l’État. Je dois reconnaître, en toute objectivité, qu’il apporte sa contribution : devant l’ampleur des dégâts, les autorités ont reconnu l’état de catastrophe naturelle et le Gouvernement a présenté, le 13 février dernier, un plan « chablis 2009 ».
Initialement fixés à 88 millions d’euros en autorisations d’engagement, les crédits alloués à ce plan ont été portés à près de 128 millions d’euros, grâce à l’adoption d’un amendement de Gilles Carrez, à l’Assemblée nationale, sur l’initiative de nos collègues aquitains, dont Henri Emmanuelli, député des Landes.
Cette avancée nous satisfait en partie, mais nous espérions un montant plus important de crédits de paiement pouvant être investis dès 2009 dans la filière bois. Le montant prévu de 89 millions d’euros en crédits de paiement semble largement insuffisant pour faire face à la crise.
M. le ministre nous a assuré que l‘État saura intervenir, si besoin est, le moment venu.
Rappelons que plus de 240 000 emplois sont en jeu dans la filière bois, la région Aquitaine comptant 20 000 sylviculteurs et 34 000 salariés.
Il faut comprendre que cet amendement, qui tend à instituer une dotation de 300 millions d’euros pour l’indemnisation des sylviculteurs, est une base de discussion. Je ne suis pas plus royaliste que le roi. Si je vois que le Gouvernement prend le problème à bras-le-corps et qu’une négociation s’engage rapidement pour rechercher une solution, au travers d’une mise en jeu des assurances ou d’une indemnisation, j’accepterai cette preuve de bonne volonté. Pour l’heure, mes chers collègues, je vous demande d’adopter cet amendement.