L'ancien parlementaire en mission que j'ai été, nommé en 1993 par le Premier ministre d'alors, Édouard Balladur, pour procéder à une évaluation générale de la situation des réserves et de leurs conditions d'emploi, ne peut que saluer l'initiative que vous avez prise, madame le ministre, en déposant ce projet de loi portant organisation de la réserve militaire et du service de défense.
Ce texte était nécessaire, d'une part pour adapter la réserve aux nouveaux besoins des armées, d'autre part pour conforter la réserve citoyenne dans sa mission première, l'entretien de l'esprit de défense, enfin pour aménager sa dimension opérationnelle.
Je n'énumèrerai pas toutes les dispositions contenues dans le texte amendé par l'Assemblée nationale et dans les amendements pertinents proposés par notre éminent rapporteur, notre collègue André Dulait.
Grâce à ce texte, la réserve opérationnelle sera encore plus opérationnelle, plus réactive, plus souple, mieux adaptée.
Pour bien mesurer, mes chers collègues, l'importance du sujet, il faut toujours conserver à l'esprit cette question fondamentale : la France peut-elle afficher et assumer ses missions, ses ambitions et ses responsabilités en Europe, dans le bassin méditerranéen et dans le monde entier - responsabilités liées à son histoire, à sa culture, à la géographie, à des intérêts économiques vitaux, à des engagements internationaux pris dans le cadre de l'ONU, de l'OTAN, de l'Union européenne, de traités bilatéraux etc. - sans un appel permanent, en temps de paix et, à plus forte raison, en temps de crise, aux réservistes ?
La réponse, déjà négative au moment du dépôt de mon rapport, voilà plus de dix ans, l'est plus encore aujourd'hui.
Les réserves appartiennent à part entière, en tout temps, en tout lieu et en toutes circonstances, au dispositif permanent de défense. Encore faut-il adapter le système aux réalités d'aujourd'hui : statut militaire et professionnel, budget et doctrine d'emploi.
Pour ce faire, il convient d'accompagner la révolution culturelle intervenue depuis quelques années dans les milieux politiques, au sein des forces armées, chez les employeurs civils et publics ainsi que dans l'opinion publique, en améliorant le dispositif issu de la loi du 22 octobre 1999.
Aujourd'hui, si cette conception des réserves de même que les réformes et les adaptations nécessaires paraissent évidentes à tous, tel n'était pas le cas voilà une dizaine d'années, et j'en souris encore.
Permettez-moi, en cet instant, de mettre mon képi de colonel de gendarmerie de réserve pour rappeler quelques souvenirs.