Nous n'aurions jamais pu, en cas de crise, être opérationnels. Les unités supports considéraient le plus souvent l'unité dérivée comme une corvée, un poids mort ; nous étions encombrants. Sans compter que la gestion des effectifs, démesurés, les réservistes se comptant par dizaines de dizaines de milliers, était fastidieuse et, bien sûr, jamais mise à jour.
Les choses ont changé du tout au tout du fait du reformatage de l'armée de terre, de la fin de la conscription, de la nécessité d'avoir plus de souplesse, plus de pouvoir - c'était une exigence de longue date - et d'utiliser des spécialistes dont ne disposaient pas nécessairement les armées.
Aujourd'hui, la réserve est considérée comme un apport essentiel. Les membres de la réserve opérationnelle sont des militaires professionnels à temps partiel ; les politiques l'ont compris. Au sein des armées, les réservistes, aujourd'hui jugés indispensables, ont trouvé leur juste place Leur statut permet d'utiliser au mieux toutes les compétences et tous les savoirs techniques que les armées n'ont pas toujours à leur disposition C'est notamment vrai pour les opérations extérieures, les OPEX.
Aujourd'hui, le réserviste ne se distingue plus du professionnel. II est recruté, identifié, répertorié, formé, équipé. C'est, on ne peut que le redire et y insister, un véritable professionnel à temps partiel.
Au cours de mes missions en Bosnie-Herzégovine, au Kosovo, en Macédoine, j'ai rencontré des réservistes. Encore fallait-il savoir, ce qui n'était possible qu'en discutant avec eux, qu'il s'agissait de réservistes. Ils sont dans les OPEX à leur juste place, comme ils le sont en renfort saisonnier dans la gendarmerie départementale, sans qu'on puisse les distinguer des professionnels, pour gérer des rassemblements occasionnels de population ou prêter main forte et secourir en cas de tempête, d'inondation ou autre cataclysme ...
La réserve est véritablement, comme je l'avais présentée dans mon rapport déjà ancien, « un deuxième souffle pour les armées ». On a encore pu tout récemment le constater, à l'occasion des « émeutes » dans les banlieues : les réservistes de la gendarmerie, au nombre de 1200 environ, ont soulagé les unités dans certaines de leurs tâches habituelles et quotidiennes.
Voilà pour la réalité actuelle. Permettez-moi cependant, madame le ministre, d'exprimer un regret et de formuler un voeu.
J'ai trop souvent le sentiment, partagé par bon nombre de mes camarades réservistes, que si le système de la réserve opérationnelle, bien huilé, a largement fait ses preuves, la place, les missions et parfois l'existence même des réservistes au sein des armées sont insuffisamment mises en valeur et connues de l'opinion publique. Un effort reste à faire en la matière.