Le pluralisme dans le domaine politique devrait aller de soi. Pourtant, et bien que cette pratique soit inscrite dans la Constitution, c’est loin d’être le cas.
Le pluralisme ne s’arrête pas à la seule politique. Il concerne l’ensemble des programmes de France Télévisions, quelle que soit leur nature. Cela concerne, bien sûr, l’information, mais aussi tous les programmes de divertissement et de culture.
Il est indispensable que cela soit affirmé sans ambages dans le texte.
Nous tenons particulièrement à cet amendement.
Voilà une dizaine d’années déjà, notre collègue Jack Ralite avait déposé une proposition de loi en vue d’instaurer le pluralisme dans toutes les catégories de programmes.
Puisque l’objet affiché du projet de loi consiste, par la suppression de la publicité, à libérer le service public de la dictature de l’audimat et du mercantilisme, il est d’autant plus légitime de donner plus d’audace à la création et à l’innovation, comme à l’ensemble des divers talents moins exposés et moins représentés dans le paysage audiovisuel.
La seule véritable opportunité qu’offre ce projet de loi est celle d’une émancipation du service public d’une certaine forme de censure qui conduit au formatage, à la « peopolisation » des émissions, qu’elles soient littéraires, musicales, cinématographiques ou patrimoniales : l’on a trop souvent l’impression qu’on prend les mêmes et qu’on recommence.
Cette mise en moyenne et ce conformisme aseptisent les imaginaires et contribuent à l’uniformisation des esprits.
Plutôt qu’une politique de la demande, il faut stimuler une politique de l’offre et du désir.
Il s’agit non pas de s’ingérer dans la programmation, qui n’appartient qu’aux professionnels de la télévision, mais de donner à l’ensemble de ses différents services toute latitude pour oser renouveler les formes esthétiques et les contenus en ne s’interdisant aucun sujet, que ce soit dans le domaine de la fiction, du documentaire, ou encore dans les émissions de flux.
Le partage des idées, la réflexion appartiennent à toutes les catégories de programmes.
Certains films, par exemple, amènent le spectateur à s’interroger bien plus profondément que ne le fait le journal télévisé.
Il s’agit non pas d’opposer les différents types d’émissions entre elles, d’autant qu’elles se complètent, mais de conforter le pluralisme éditorial de l’ensemble des programmes afin de n’écarter aucune forme d’expression et d’investigation, qu’elle soit artistique, scientifique ou journalistique.
L’enjeu consiste à faire en sorte que la télévision publique demeure un grand média populaire, y compris dans ses développements numériques.
Notre patrimoine audiovisuel nous démontre en permanence que les émissions cultes sont aussi celles qui ont su surprendre le téléspectateur par leur liberté de ton et leur innovation formelle.
Il s’agit donc tout à la fois de promouvoir la diversité culturelle et le pluralisme, qui ne sont pas synonymes, même s’ils se font souvent la courte échelle, si je puis dire.
Alors que nous vivons dans un monde de plus en plus complexe, les citoyens ont grand besoin de regards et de paroles pluriels pour le décrypter.
Aussi, ne nous privons pas de la qualité de regards singuliers, qu’il s’agisse d’œuvres audiovisuelles nationales, européennes, mais aussi d’œuvres qui restent trop confidentielles parce qu’elles sont issues de continents ou de pays qui n’ont pas la force de frappe nécessaire pour se promouvoir à l’étranger !