Intervention de Paul Girod

Réunion du 6 décembre 2006 à 22h00
Loi de finances pour 2007 — Sécurité civile

Photo de Paul GirodPaul Girod :

Je ne vous surprendrai pas, monsieur le ministre, en annonçant d'ores et déjà que, suivant en cela l'avis de la commission des finances et celui de la commission des lois, le groupe UMP vous apportera son soutien et votera les crédits de la mission que vous nous avez présentés.

Je dirai, si vous me le permettez en cet instant, ma satisfaction personnelle d'avoir entendu M. le rapporteur pour avis entonner une certaine chanson que je vous ai déjà chantée cet après-midi quant à l'interministérialité et à la nécessité d'élargir la notion de sécurité pour rassembler dans une réflexion beaucoup plus large l'ensemble des questions qui se posent à notre pays du fait que le monde dans lequel nous vivons est un monde dangereux qui se complexifie et dans lequel les réponses ne sont désormais plus « sécables » entre différents corps d'intervention.

Je dirai aussi ma satisfaction, personnelle, mais également d'ordre général, devant les résultats obtenus cet été dans la lutte contre les feux de forêts, résultats dans lesquels on peut déceler la convergence de plusieurs éléments : la politique menée en matière d'équipement des SDIS ; la solidarité interdépartementale, qui a permis au Midi d'avoir à sa disposition les moyens terrestres dont il avait besoin ; le renforcement des systèmes de veille et d'intervention préventive ; le renforcement de l'action de la justice, qui a très largement découragé un certain nombre d'apprentis incendiaires de consacrer leur activité à cette vocation coupable. Enfin, l'intervention du corps aérien a été d'une efficacité particulière.

Certes, un conflit, ou semi-conflit, est né autour des Dash. J'ai cependant l'impression, tout comme le rapporteur spécial, que, d'une certaine manière, ce débat est derrière nous.

Un autre débat, en revanche, est devant nous, comme M. Vallet vient de le souligner : celui que suscite l'obsolescence des Tracker. Je crois, monsieur le ministre, qu'il nous faut mener une réflexion globale et plus poussée sur l'ensemble du corps aérien et peut-être sur son unification. Je rappelle que le Tracker avait été choisi en son temps parce que c'est un avion terrestre, alors que le Canadair avait la réputation d'être un hydravion pompeur d'eau : en réalité, le Canadair est un ancien avion de brousse qui a été transformé pour les missions que nous connaissons !

En ce qui concerne les SDIS, monsieur le ministre, je voudrais souligner un point. Certes, l'État négocie un certain nombre de moyens et soutient, à travers le fonds d'aide à l'investissement, diverses opérations d'investissement. Non sans raison, celles-ci ont d'ailleurs été réorientées pour porter plus particulièrement sur l'échelon interdépartemental, de façon à ne pas répéter les effets de saupoudrage et les doublons un peu excessifs qui se sont produits ces dernières années. Cela permettra de disposer à relative proximité de quelques moyens lourds d'intervention en cas de catastrophe majeure.

Pour le reste, monsieur le ministre, ce sont les conseils généraux qui assurent le financement des SDIS, et les décisions que vous prenez, que vous prendrez ou que vous serez amené à considérer - certes, en tenant compte des observations de la conférence générale -, même si elles valent à l'échelon national, trouveront en définitive leur traduction financière au niveau local. Dans l'état actuel des choses, je suis obligé de souligner la tristesse qu'éprouvent nombre d'élus devant ce qui vient de se passer et devant les dérives que l'on sent latentes.

Il est certaines choses que l'on n'ose pas dire. Il faut tout de même savoir en faire parfois état.

Je ne considère pas comme tout à fait normale la fameuse grille qui impose au sein des corps des sapeurs-pompiers professionnels un nombre de gradés déterminé en fonction du nombre de volontaires qui travaillent à leurs côtés, même si plusieurs de ceux-ci ont fait l'effort de formation et de prise de responsabilité suffisant pour avoir mérité des grades de sous-officier ou d'officier. Ainsi, je connais un département - dont un représentant se trouve dans cette salle - qui se voit obligé de recruter tous ses sapeurs-pompiers professionnels au-dessus du grade de sergent au seul motif qu'il compte un nombre considérable de sapeurs-pompiers volontaires. Il faut que cela se sache !

Peut-être pourrait-on, à la lumière de ces observations, tempérer quelque peu les excès d'un certain nombre de revendications, par ailleurs fort mal exprimées et dans des conditions que nous considérons les uns et les autres comme déplorables. Le risque, sinon, est d'entacher un corps que tout le monde aime, que tout le monde considère comme efficace, que tout le monde estime dévoué, mais au sein duquel certaines dérives se sont accumulées au fil du temps. Celles-ci ne permettent pas aux pompiers, si méritants soient-ils, de revendiquer n'importe quoi, n'importe comment, à n'importe quel instant.

Reste un dernier point, monsieur le ministre, sur lequel je voudrais vous interroger : la dimension européenne de la sécurité civile.

M. Barnier, ancien ministre, a déposé voilà quelque temps un rapport sur ce que pourrait être une politique européenne de sécurité civile. Quel est votre sentiment, monsieur le ministre, sur ce qu'il est possible d'envisager, sur ce qu'il serait souhaitable d'envisager, et, surtout, sur la façon de procéder pour éviter, en cas d'intervention couplée de différents corps européens, les malentendus qui peuvent surgir ? Je citerai l'exemple des difficultés de mise en oeuvre des grandes pompes allemandes lors des inondations dans le sud-est français...

Quels moyens peut-on envisager, avec la Commission ou, à côté d'elle, à travers des accords intergouvernementaux, pour que la sécurité civile soit une oeuvre certes nationale, mais aussi européenne ? N'oublions pas les catastrophes potentielles qui sont devant nous, d'une part, à travers les risques technologiques que notre civilisation nous impose et, d'autre part, du fait du caractère parfaitement vicieux des terroristes qui sont en face de nous ? Ceux-ci sauront très rapidement modifier l'occurrence des catastrophes accidentelles d'ordre technologique, quelle qu'en soit la nature, catastrophes qui, de ce fait, déboucheront sur des drames de masse, faisant plusieurs milliers de morts, ce que malheureusement nous ne sommes pas encore tout à fait prêts à traiter.

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