Monsieur le sénateur, je vous demande à mon tour de bien vouloir excuser M. Bruno Lemaire, qui accompagne M. le Président de la République en Bretagne.
La formation des prix est, en effet, une question essentielle, non seulement pour le consommateur, mais aussi pour l’ensemble des acteurs de la chaîne, à commencer par les agriculteurs. Il faut donc savoir comment se forment ces prix. Telle est la mission que la loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche du 27 juillet dernier a confiée à l’Observatoire de la formation des prix et des marges, dont le nouveau président, M. Chalmin, vient de présenter son premier rapport annuel.
Ce document révèle qu’il existe des marges brutes élevées pour un certain nombre de produits de la grande distribution. Ainsi, la moitié du prix d’une tranche de jambon résulte des marges de la grande distribution. Nous sommes en droit de nous interroger. En effet, ces pratiques sont préjudiciables aux consommateurs, aux petites et moyennes entreprises et, bien entendu, aux éleveurs.
À cet égard, les distributeurs doivent faire preuve de plus de transparence, comme M. Lemaire l’a déjà demandé. Nous ne pouvons nous contenter des marges brutes. Il faut que la grande distribution accepte de communiquer ses marges nettes, la structure de ses coûts, et de justifier l’importance de ses marges : c’est l’intérêt des distributeurs, des consommateurs et des producteurs.
Les conclusions du rapport de l’Observatoire de la formation des prix et des marges montrent une nouvelle fois combien il est indispensable de faire évoluer aussi les relations au sein des filières alimentaires : chacun doit faire des progrès.
Il faut d’abord se parler, mettre les problèmes sur la table afin de les résoudre de la manière la plus efficace possible. Il faut aussi sortir de la culture du conflit permanent entre producteurs, industriels et distributeurs et entrer dans une culture du partenariat.
Il est ainsi anormal que le Gouvernement soit systématiquement obligé de hausser le ton en période de tensions sur les prix pour que les acteurs acceptent de se réunir pour ouvrir de nouvelles négociations.
Dans ce contexte, monsieur le sénateur, sachez que le Gouvernement restera mobilisé. Souvenez-vous, avec la loi de modernisation de l’économie, nous avons obtenu de vrais résultats en faveur du pouvoir d’achat des consommateurs, en divisant par trois les marges arrière de la grande distribution et en limitant la hausse des prix alimentaires à 1, 3 % entre mai 2010 et mai 2011, contre 2, 7 % dans l’ensemble de l’Europe.
Les producteurs et les petites et moyennes entreprises du secteur agro-alimentaire ne peuvent pas être les seuls à supporter les fluctuations récentes des cours des matières premières. Nous serons particulièrement vigilants sur l’application de l’accord du 3 mai dernier, qui prévoit la renégociation des contrats en cas de fortes fluctuations.
En conclusion, dans le prolongement de la loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche, les producteurs et les paysans doivent mieux s’organiser et se rassembler de façon à pouvoir négocier en aval, dans une relation plus équitable. La valeur ajoutée doit être mieux répartie au sein des filières, grâce à des pratiques réglementées et moins abusives. Telles sont les intentions du Gouvernement, et croyez-bien que le ministre de l’agriculture sera très ferme.