Intervention de Serge Vinçon

Réunion du 10 novembre 2004 à 15h00
Situation en côte-d'ivoire — Déclaration du gouvernement

Photo de Serge VinçonSerge Vinçon :

Comment en est-on arrivé là ?

A partir de 2002, pour mettre un terme à l'enchaînement des violences qui affectaient la Côte-d'Ivoire, la France a choisi de promouvoir une solution politique, seule à même d'éviter à ce pays la guerre civile et à la région une déstabilisation certaine. Sans l'intervention courageuse de notre pays, où en serait, aujourd'hui, la Côte-d'Ivoire ? Et où en serait le pouvoir légitime ivoirien ?

L'amorce d'une réconciliation, le désarmement, le partage des responsabilités et le lancement d'un processus de réformes législatives et constitutionnelles ont été au coeur de la démarche lancée à Marcoussis et confirmée ensuite par les accords d'Accra signés par le président Gbagbo. Cette démarche a été validée par les Nations unies, puis par l'Union africaine elle-même.

Toutefois, pour réussir, cette logique de réconciliation supposait, de la part des différentes parties ivoiriennes, un sens des responsabilités et de l'intérêt national, ainsi que le souci de la stabilité régionale. Hélas ! force est de constater que cette attente a été déçue. Les engagements non tenus, le double langage et l'intimidation ont peu à peu réduit à presque rien les fragiles et laborieux acquis de plusieurs mois de négociations conduites conformément aux recommandations de la communauté internationale.

Il n'est pourtant d'autres solutions, aujourd'hui comme hier, que celles du dialogue et d'un processus politique loyalement appliqué et scrupuleusement respecté.

C'est pour permettre ce dialogue que l'ONU a envoyé 6 000 soldats sous casques bleus provenant, pour la plupart, de contingents de pays africains ; c'est pour cette paix nécessaire que la France a envoyé sur place, en soutien des forces de l'ONU, près de 4 000 hommes dont, depuis deux ans, 17 ont payé cette mission de leur vie.

C'est aussi pour cette raison que le Conseil de sécurité des Nations unies travaille sur une résolution qui a pour objet non seulement d'inciter à une reprise rapide du processus politique, mais aussi de dissuader ceux qui tenteraient, une fois de plus, d'y faire obstacle.

Monsieur le ministre, mes chers collègues, ce qui est en débat aujourd'hui, ce que mettent en cause les violences actuelles en Côte-d'Ivoire, c'est, au-delà même de ce pays et plus largement, les chances de voir le continent africain sortir du cercle des crises régionales et des guerres civiles qui le meurtrissent et le ruinent.

Cette logique pernicieuse et contagieuse de la violence est notamment à l'oeuvre au Soudan, dans la région des Grands Lacs, en République démocratique du Congo ou encore dans la Corne de l'Afrique.

Dans ce contexte, qui prête souvent au pessimisme, il est essentiel de tout faire pour préserver la stabilité là où elle peut encore l'être, pour peu que chacun prenne ses responsabilités. Comme vous venez de le rappeler, monsieur le ministre, c'est ce que s'efforce de faire la France, avec ses partenaires africains et avec le clair soutien de l'Organisation des Nations unies.

C'est cette action que vous menez, monsieur le ministre, sous l'autorité du Président de la République, et à laquelle nous apportons notre soutien solidaire et résolu.

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