Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, l’examen au Sénat de l’article 33 du projet de loi de finances, qui a trait au prélèvement de 18, 9 milliards d’euros sur le budget national au profit du budget européen, a lieu dans un contexte particulier à un double titre, celui de la présidence française de l’Union européenne et de la crise économique et financière que traversent l’Europe et ses partenaires.
Comme vous l’avez rappelé, monsieur le rapporteur spécial, la décision relative aux ressources propres modifie assez sensiblement le financement du chèque britannique. Même si la contribution de la France reste importante, elle est appelée à diminuer à partir de 2011. Plusieurs orateurs, notamment MM. Haenel et Badré, ont souligné que la France est le deuxième contributeur mais reste le premier bénéficiaire net. Il ne faudrait pas l’oublier !
Monsieur le rapporteur spécial, la présidence française n’a pas envisagé d’entrer dans la substance de la revue budgétaire, essentiellement pour des raisons institutionnelles qui ont précédé la survenance de la crise.
En effet, 2008 a été une année de consultations sur l’avenir du budget européen, sur la base d’un document d’orientation budgétaire établi par la Commission. Celle-ci a rendu public, le 12 novembre dernier, le résultat de ses consultations sur les contributions nationales et sur les nouvelles orientations budgétaires.
Pour dire les choses très clairement, ni la Commission ni le Parlement européen, compte tenu, d’une part, des élections européennes, et, d’autre part, du renouvellement de la Commission européenne d’ici à la fin de l’année prochaine, ne semblent décidés à poser dès maintenant le problème de la stratégie budgétaire européenne, point qui me paraît pourtant extrêmement important.
S’agissant de l’articulation entre le budget et le plan de relance, il est en effet important de bien coordonner les efforts nationaux et le budget communautaire.
Le budget européen, par sa structure même – je le rappelle notamment à MM. Sutour et Billout –, est mieux adapté au financement d’investissements de moyen et long termes, comme les infrastructures, sur lesquelles je reviendrai, qu’à celui d’actions de court terme favorisant la consommation. Nous pouvons le regretter, mais c’est ainsi qu’est bâti le budget communautaire, et il ne peut, comme l’a souligné M. Badré, apporter plus qu’il n’a !
Monsieur le président de la commission des finances, je tiens à souligner que la mise entre parenthèses des critères de Maastricht ne signifie en rien que nous devions cesser d’assainir nos finances publiques et de réduire notre endettement. Toutefois, dans la situation actuelle, il était nécessaire de profiter des marges qu’offre le cadre juridique européen.
S'agissant de la coopération, à laquelle nous sommes tous très attachés, entre la France et l’Allemagne, je sais, pour y avoir participé, que le conseil des ministres franco-allemand qui s’est tenu lundi dernier s’est déroulé dans une excellente atmosphère.
La tribune commune publiée aujourd'hui par le président Nicolas Sarkozy et la chancelière Angela Merkel montre que nos deux pays, en dépit de leurs différences de structures et de culture, défendent une même ambition, au service de l’Europe, mais aussi, monsieur Bourquin, à celui de l’industrie européenne.
Au-delà de leurs divergences, concernant notamment le secteur automobile, la France et l’Allemagne portent en Europe la même ambition industrielle.