Monsieur Billout, je puis vous assurer, car j’étais hier encore à Dublin, que le traité de Lisbonne n’est pas caduc. Si tel est votre souci, il n’est pas fondé : avec nos amis Irlandais, nous sommes en train de trouver la voie d’un accord politique, afin que les 11 et 12 décembre prochains soit élaborée une feuille de route permettant de mettre en œuvre ce traité.
Je crois vous avoir répondu en ce qui concerne l’adaptation du budget communautaire à la crise.
Certes, je le répète, la dérégulation et la financiarisation excessive se trouvent à l’origine de la crise. Toutefois, quels que soient les défauts du pacte de stabilité et le jugement que l’on peut porter sur cet instrument, il n’est pas possible, me semble-t-il, d’affirmer qu’il est la cause de la crise ! Ce pacte doit être aménagé et assoupli. Nous devons l’interpréter de manière intelligente, mais il reste un instrument de discipline nécessaire, comme d’autres intervenants l’ont souligné.
Monsieur Billout, vous avez raison en ce qui concerne les ressources futures de l’Union européenne, qu’ont évoquées également MM. Sutour et Bourquin ; nous devons, si nous voulons que l’Europe soit ambitieuse, lancer une réflexion sur cette question. En effet, les procédures budgétaires seront revues dans le sens d’une plus grande efficacité, et la Commission présentera des propositions sur la prochaine stratégie budgétaire, afin de préparer l’après-2013.
Le problème du budget communautaire n’est pas qu’il ne permette qu’un saupoudrage, même si c’est parfois vrai ; il est au contraire concentré, parfois à l’excès, sur deux postes principaux : comme vous l’avez indiqué vous-même, monsieur Billout, la politique agricole commune et les fonds structurels représentent à eux seuls 80 % du budget européen, et cette répartition est peut-être trop rigide.
Vous avez, ainsi que M. Sutour, fait référence aux dépenses sociales. Toutefois, pour estimer celles-ci, me semble-t-il, il faut considérer non pas seulement la ligne budgétaire qui leur est explicitement consacrée, mais également les fonds structurels et le Fonds social européen, qui représente pour la France, au titre de la période 2007-2013, quelque 4, 5 milliards d'euros.
Ce que je disais tout à l'heure à Mme Nicole Bricq du Fonds européen d’ajustement à la mondialisation vaut également pour les fonds structurels et pour le Fonds social européen. Nous devons réfléchir, en lien avec la Commission et dans le cadre de l’élaboration de la prochaine stratégie budgétaire européenne, aux moyens d’accélérer la mise en œuvre de ces fonds. Reconnaissons-le, leur gestion, tant par l’Union européenne que par les administrations nationales, peut être améliorée !
Monsieur Jacques Blanc, vous avez rappelé à juste titre que la crise que nous connaissons actuellement serait plus grave encore sans l’euro et si la présidence française de l’Union européenne n’avait pas été aussi réactive et engagée sous l’impulsion décisive du Président de la République, bref si nous n’avions pas fait de politique.
Vous avez eu raison de souligner que cette crise mettait en valeur toute l’importance du traité de Lisbonne : celui-ci permet de la gérer dans la continuité, ce qui est indispensable, et, dans le même temps, d’assurer la cohésion territoriale, qui se trouve promue parmi les objectifs fondamentaux de l’Union européenne. C’est l’un des aspects du traité de Lisbonne.
Un bon accord a été obtenu le 19 novembre dernier, grâce à M. Michel Barnier, ministre de l'agriculture et de la pêche, sur les orientations de la politique agricole, sur le renforcement des instruments d’intervention et sur la réorientation des politiques vers les populations et les territoires les plus fragiles.
Je vous remercie d’avoir noté, monsieur Blanc, que sous la présidence française de l’Union européenne a été mise en place l’Union pour la Méditerranée, ce qui constitue une grande avancée : tous nos partenaires européens ont ainsi pris conscience du rôle primordial du bassin méditerranéen pour la stabilité géostratégique de l’Europe.
Toutefois, la création de l’Union pour la Méditerranée ne va pas nous empêcher de rester vigilants à ce qui se passe ailleurs dans le monde : je pense, en particulier, à nos partenariats et à nos politiques de voisinage avec les pays d’Asie centrale, les pays riverains de la mer Noire ou l’Ukraine, notamment. Vous avez raison, sur ce point aussi : nous devons dépasser la simple politique de voisinage menée dans un cadre bilatéral pour nouer des partenariats régionaux plus globaux.
Enfin, comme d’autres intervenants, en particulier M. Sutour, vous avez fort justement relevé que, dans le contexte de crise actuel, l’Europe, s’agissant du développement de grands projets d’infrastructures, apporte une valeur ajoutée très forte, au-delà de la régulation et de l’adaptation des règles existantes.
La démarche qu’avait engagée Jacques Delors en 1994 lors du sommet d’Essen reste d’actualité d’aujourd’hui : un certain nombre de projets non encore financés mériteraient de l’être par l’Europe.