Alors que la radioactivité retient toute notre attention en raison de la catastrophe nucléaire qui frappe, à l’heure actuelle, le Japon, je tiens à vous alerter, monsieur le ministre, mes chers collègues, sur les risques liés aux doses de rayonnements ionisants délivrées lors des examens d’imagerie médicale
Sur ce sujet, le dernier rapport de l’Autorité de sûreté nucléaire, l’ASN, est particulièrement alarmant. S’il pointe en premier lieu les risques que représentent certaines de nos installations nucléaires, il donne également l’alerte au sujet de l’augmentation des doses reçues par les patients.
Le nombre d’examens radiologiques est passé de 1, 6 milliard à 4 milliards entre 1993 et 2008, ce qui représente une augmentation de 250 %.
En médecine nucléaire, le nombre annuel d’examens s’élevait à 17 millions en 1970 ; il atteignait 35 millions au début des années deux mille.
En France, la dose efficace moyenne par habitant a été réévaluée, passant de 0, 83 millisievert en 2002 à 1, 3 millisievert en 2007.
L’ASN indique par ailleurs que les expositions médicales aux rayonnements ionisants représentent la part la plus importante des expositions artificielles dans les pays développés. Elle insiste également sur le fait qu’une « attention particulière doit être exercée pour contrôler et réduire les doses liées à l’imagerie médicale, car la multiplication des examens les plus irradiants, pour une même personne, pourrait conduire à atteindre la valeur de 100 millisieverts, au-dessus de laquelle les études épidémiologiques ont montré que la probabilité de développer un cancer radio-induit devient significative ».
Un scanner du corps entier peut délivrer en une seule fois une dose de radiations de 20 millisieverts, soit le maximum autorisé en un an pour un salarié du secteur nucléaire. Certaines personnes vont même jusqu’à recevoir, en un an, des rayonnements équivalent à dix fois la dose admissible.
Pour le directeur général de l’ASN, le risque sanitaire lié à cette situation pourrait déboucher sur une épidémie de cancer dans les dix années à venir.
Monsieur le ministre, ce constat est lié au manque de matériel utilisant la technologie d’imagerie par résonance magnétique, ou IRM, qui devrait être plus largement utilisée, à la place du scanner, car elle n’expose pas le patient à des rayonnements ionisants. On estime d’ailleurs que l’installation de 350 appareils supplémentaires d’IRM s’avérera nécessaire dans les quatre ans à venir. Bien que leur coût soit important, il est de votre devoir, monsieur le ministre, de favoriser la promotion de techniques alternatives, comme le recommande l’ASN, afin d’éviter un nouveau scandale sanitaire dans les années à venir.