Madame la présidente, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, le groupe centriste, dans sa grande majorité, votera ce projet de loi ; quatre de nos collègues s’abstiendront et cinq autres voteront contre, dont moi-même.
Je n’ai malheureusement pas pu suivre l’ensemble des débats, mais j’ai trouvé passionnants ceux auxquels j’ai assisté, notamment hier, lorsqu’il a été question de la gestation pour autrui, bien que je sois personnellement très opposé à cette pratique. Je voudrais d’ailleurs remercier Mme la présidente de la commission et M. le rapporteur d’avoir assumé franchement leurs positions – même si je ne les partage pas –, notamment lorsque M. le rapporteur nous a expliqué qu’il avait déposé des amendements pour que l’on puisse ouvrir ce débat.
Je crois que c’est l’honneur du Sénat d’aborder tous les problèmes. Nous devons avoir le courage, quelles que soient nos opinions – je défends moi-même une certaine vision éthique – et, malgré les cris d’orfraie que l’on peut entendre à l’extérieur, d’aborder toutes les questions.
Le débat sur la gestation pour autrui appelle une deuxième remarque de ma part. Hier soir, j’ai été un peu surpris d’entendre que la plupart de nos collègues favorables à cette pratique considérait qu’elle correspondait à une évolution inéluctable.
Permettez-moi de vous faire part de mon expérience personnelle dans un autre domaine. J’appartiens à la « génération 68 » et je me souviens des discours tenus à l’époque sur la famille ou la vie personnelle, qui ont prévalu jusqu’aux années 1980. Souvenez-vous des mots d’ordre : plus de famille, collectivité complète des enfants, Peace and Love partout ! L’ensemble des médias adoptait ce discours, de même que la classe politique, et tout le monde pensait que cette évolution était inéluctable, que toutes les générations nouvelles devaient adopter cette logique. Or, dès le début des années 1980, nous avons pu constater que la jeune génération manifestait un grand attachement aux valeurs familiales, que la famille constituait sa préoccupation principale.
J’invite donc nos collègues qui défendaient la gestation pour autrui à se méfier, car aucune évolution n’est inéluctable. Je sais bien que nous sommes tous influencés par la pensée marxiste et que nous croyons que le progrès se réalise obligatoirement. Ce n’est pas vrai : dans l’histoire, on observe aussi des retours aux valeurs fondamentales.
Je dois maintenant expliquer pourquoi, à titre personnel, je voterai contre ce projet de loi. Je pense en effet que la situation va évoluer et j’appartiens, par ailleurs, aux Défenseurs d’éthique, un courant politique peut-être assez « braqué », voire un peu brutal, mais je ne le regrette pas.
Deux raisons essentielles expliquent mon vote.
En premier lieu, je suis tout à fait opposé à l’autorisation accordée aux couples homosexuels de recourir à l’aide médicale à la procréation ; je pense que le Gouvernement et l’Assemblée nationale devraient revenir sur les dispositions adoptées par le Sénat.
En second lieu, l’autorisation encadrée de la recherche sur les cellules souches embryonnaires me pose de nombreux problèmes. À titre personnel, je réfléchis depuis longtemps à ces questions ; malgré tout, je me laisse peut-être porter par mon éthique personnelle et je demeure opposé à ces pratiques, mais j’avoue qu’il n’est pas simple d’avoir à choisir, surtout quand on songe à nos chercheurs, qui s’interrogent également beaucoup.
Quoi qu’il en soit, je voterai contre ce projet de loi, en espérant qu’il retrouve, au cours de la navette, l’esprit qui avait prévalu à l’Assemblée nationale sur ces deux points.