Le deuxième défi que nous devons relever est de nature démocratique. L’Union pour la méditerranée, j’en suis persuadée, peut contribuer à répondre aux aspirations de modernisation et de démocratisation exprimées par les peuples, en se fixant un double objectif.
En premier lieu, il convient d’élargir les projets de l’Union pour la Méditerranée aux préoccupations exprimées par le Conseil de l’Europe. Il faut, sur certains sujets, trouver une articulation entre les actions de l’Union pour la Méditerranée et celles du Conseil de l’Europe, ce dernier étant sans doute mieux armé pour les mener à bien.
En second lieu, il faut que l’Union pour la Méditerranée développe des projets de société. Le Centre méditerranéen pour la jeunesse est, à cet égard, emblématique puisqu’il permet la mobilité des étudiants sur la base d’accords conclus entre les universités dans le cadre d’une formation diplômante. C’est un peu ce que l’Europe a réalisé voilà quinzaine d’années avec le programme Erasmus.
De la même façon, les projets qui ont trait à la formation professionnelle ou à l’égalité entre les hommes et les femmes doivent être renforcés.
Monsieur Badré, il faut en effet fortifier le dialogue dans la société civile. Pour ce faire, nous devons soutenir les acteurs impliqués au sein de la famille euro-méditerranéenne, telle la Fondation Anna Lindh, dont le rôle est essentiel. La France l’a aidée à hauteur de 1 million d’euros depuis sa création. Si nous voulons qu’elle continue à se développer, nous devons obtenir le soutien de tous nos partenaires.
Il faudra également aider la plateforme non gouvernementale Euromed. Cet organisme est soutenu par l’Union européenne, mais force est de constater que son budget demeure limité.
Le troisième défi que nous devons relever est en effet, monsieur Bizet, d’ordre financier.
Si nous voulons conduire des politiques communes d’envergure et efficaces dans les secteurs de l’eau, des transports, de l’énergie, de la dépollution, de l’agriculture, il faut diversifier les financements de l’Union pour la Méditerranée, car, compte tenu des contraintes économiques et budgétaires actuelles, on ne peut pas s’appuyer sur les seuls budgets des États.
Le secrétariat de l’Union pour la Méditerranée a un rôle essentiel à jouer pour donner confiance aux investisseurs étrangers. Il devra notamment préparer et sélectionner des projets d’intérêt commun, les encadrer dans un maillage institutionnel de grandes signatures et contribuer à la sécurisation juridique et financière des promoteurs et des prêteurs.
Mesdames, messieurs les sénateurs, je considère, comme M. Collin, que l’Union pour la Méditerranée est plus que jamais à l’ordre du jour. Le Processus de Barcelone doit être envisagé sur le long terme. Je suis trop jeune pour me souvenir où en était la construction européenne deux ans après la création de la Communauté économique européenne. Mais si on lui avait demandé tout ce que l’on attend aujourd’hui de l’Union pour la Méditerranée, sans doute aurait-on alors considéré que cette nouvelle institution n’était en fait qu’un fantôme. Regardons ce qu’elle est devenue !
Certes, notre ambition générale ne se réalisera pas en un jour. Pour autant, l’efficacité, le besoin de faire face aux situations impliquent que nous agissions dès maintenant. C’est la raison pour laquelle la France s’engage de toutes ses forces avec ses partenaires pour faire de l’Union pour la Méditerranée un instrument performant, au service de la paix et de la prospérité des peuples sur les deux rives de la Méditerranée.
Mesdames, messieurs les sénateurs, la Méditerranée mérite mieux que des incantations ou des discours politiciens, réducteurs, aveugles, voire ignorants. Nous devons tous faire preuve de modestie. De nombreuses voix se sont élevées sur ces travées pour déplorer que les gouvernements n’aient pas pressenti l’importance des mouvements qui se produisaient en Tunisie ou en Égypte. Mais je vous le demande, mesdames, messieurs les sénateurs, aviez-vous, vous-mêmes, prévu ces évolutions ?
Le régime tunisien, que nous aurions dû critiquer, s’appuyait sur un parti dont le président était M. Ben Ali. Or ce parti était toujours membre de l’Internationale socialiste le jour du départ de M. Ben Ali !