Monsieur Sueur, je suis de ceux, et ils sont nombreux, qui n’ont pas vu venir les événements de Tunisie. Ni à droite ni à gauche, reconnaissons-le, nous n’avons fait preuve de beaucoup de prescience, ce qui devrait nous conduire à une certaine humilité.
Néanmoins, nous ne pouvons que saluer, me semble-t-il, le courage du peuple tunisien et sa quête pour une dignité retrouvée ; il mérite que la France l’accompagne dans sa marche vers la démocratie.
Monsieur Sueur, M. Ben Ali régnait sur la Tunisie depuis trente-deux ans et l’on savait depuis dix ans que son régime était non seulement peu démocratique, mais aussi extrêmement répressif. Qui, et dans quelles enceintes, avons-nous entendu dénoncer le régime de M. Ben Ali ? Ici même, le président du groupe d’amitié France-Tunisie a-t-il alerté notre assemblée sur ce qui se passait là-bas ? Y a-t-il eu des questions à des ministres sur ce sujet ? Non ! On pourrait dresser une longue liste de voyageurs officiels qui ont été reçus en Tunisie et qui ont fait l’éloge de M. Ben Ali. On dénonce aujourd’hui avec force celui que l’on encensait hier, sans doute avec excès…
En vous écoutant, monsieur Sueur, je me rappelais les propos de Winston Churchill, qui déclarait en substance que ceux qui exercent leur sagacité après les faits devraient se taire.
En ce qui nous concerne, notre devoir est maintenant d’aider la Tunisie de toutes nos forces, sans vouloir imposer un modèle, sans donner aucune leçon. Il s’agira simplement d’être au côté de ce peuple, s’il nous demande aide et assistance, pour conforter la démocratie, parce que c’est le seul moyen d’établir une véritable Union pour la Méditerranée.