Intervention de René Beaumont

Réunion du 25 janvier 2005 à 22h00
Développement des territoires ruraux — Article 41

Photo de René BeaumontRené Beaumont :

Pour aller dans le même sens que mon collègue Jean Bizet, je persiste à croire que ce débat n'a pas lieu d'être ici, et la démonstration vient d'en être faite. Mes chers collègues, vous vous apprêtez à décider du sort de tous les antiparasitaires externes, comme s'ils ne faisaient qu'un lot, pour autoriser leur vente libre partout.

J'en suis désolé pour les auteurs d'amendements, mais les antiparasitaires externes ne sont pas distribués uniquement sous la forme des colliers anti-puce. Certes, ce produit-là s'est banalisé depuis bien longtemps, il est sans danger et nous sommes tous d'accord pour qu'il soit vendu n'importe où, n'importe comment : cela n'a aucune importance.

Il en va tout autrement du Spot-on, par exemple. Vous allez me dire que je fais du scientisme, mais il s'agit simplement d'un antiparasitaire liquide plus ou moins pâteux que l'on répand, à rebrousse poil, sur le dos du chien. C'est un poison systémique, c'est-à-dire qu'il passe à travers la peau du chien, et s'il passe relativement rapidement à travers la peau d'un chien, il peut passer trois fois plus vite à travers la peau d'un nourrisson !

Le propriétaire du chien qui vient acheter un antiparasitaire au supermarché n'est pas prévenu lors de son passage en caisse des risques qu'il encourt. Il part avec son produit spot-on et, à partir de ce moment-là, il y a des risques d'accidents : Jean Bizet vient de vous le dire, l'AFSSA communiquera sur ce sujet autant que vous le désirez. Il faut voir avec elle quels sont les dangers réels liés aux antiparasitaires, même s'ils ne sont pas majeurs. Tout à l'heure, je serai beaucoup plus virulent concernant le colisage, les risques pour la santé humaine étant nettement plus importants.

Je ne vais pas voter contre l'amendement, je ne vais pas voter pour non plus.

Outre celle de mon ami Jean Bizet, j'ai entendu une autre réflexion intelligente : c'est celle du secrétaire d'Etat, et cela ne surprendra personne. Supprimer le II bis de l'article 41, c'est revenir au statu quo, position d'attente tout à fait intéressante. J'aimerais cependant que M. le secrétaire d'Etat puisse me dire que l'on ne va pas en rester là et que l'on va essayer, non pas par un coup de force du lobby des chasseurs, du lobby des agriculteurs, du lobby des vétérinaires, mais plus simplement grâce à une grande concertation, de réfléchir sérieusement sur le problème.

Au terme de cette vraie concertation que j'appelle de mes voeux, je souhaite que le secrétariat d'Etat prenne ses responsabilités et promulgue un décret qui règle le problème dans l'intérêt de la santé publique avant tout. Arrêtons avec le prétendu mercantilisme des vétérinaires, qui ne comptent d'ailleurs que pour 25% au plus des colliers vendus hors grandes surfaces, l'essentiel du chiffre étant réalisé par les pharmaciens.

Cela fait plus de vingt ans que j'ai cédé ma clientèle, je n'ai pas d'enfant dans le métier et je ne suis pas payé par les vétérinaires ; j'ai simplement conscience de ce qui peut se passer en cas d'intoxication - et là j'attire l'attention de M. le secrétaire d'Etat - avec des antiparasitaires : il y aura peut-être des accidents, mais ils ne seront pas graves. Il en va tout autrement avec les risques que fait courir le colisage libre des médicaments vétérinaires. La santé humaine risque, là, d'être en danger, et on ne peut pas laisser faire n'importe quoi. Mais nous allons y revenir.

Pour conclure, mon sentiment est que les vétérinaires sont là pour accomplir des actes vétérinaires et non pour vendre des médicaments !

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