Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, permettez-moi tout d'abord de dire à M. Pastor que M. le ministre, M. le rapporteur et M. le président de la commission ont bel et bien apporté des réponses positives aux propositions du groupe d'études sur le développement économique de montagne, ce qui prouve que l'agriculture est effectivement prise en compte dans ces zones difficiles.
Cela étant, monsieur le ministre, je tiens à vous féliciter et à vous remercier d'avoir su analyser objectivement l'attente de nos agriculteurs. Vous avez répondu à leurs interrogations ainsi qu'à celles de nos concitoyens dans un monde en mouvance où l'agriculture a sa place, dans une Europe en difficulté.
Vous présentez une perspective, un dessein, et vous apportez des réponses concrètes dans ce texte qui avait été souhaité par le Président de la République, Jacques Chirac, par le Premier ministre d'alors, Jean-Pierre Raffarin, et par votre prédécesseur, Hervé Gaymard.
Vous avez réalisé avec vos collaborateurs un travail d'une grande efficacité et je vous remercie de l'esprit d'échange et de dialogue que vous avez su instaurer, non seulement avec certains députés mais aussi avec certains sénateurs. Je m'exprime d'ailleurs sous le contrôle de M. le président de la commission des affaires économiques et MM. les rapporteurs souscriront sans doute à mes propos, y compris à ceux que j'ai tenus lors des réunions du groupe d'études sur le développement économique de montagne créé au sein de notre assemblée.
Le monde d'aujourd'hui nous inquiète. Le mouvement et le traitement des produits sensibles créent des situations nouvelles qui affectent, au-delà de la protection des indications géographiques, les spécificités traditionnelles.
Nos agriculteurs ont parfois le sentiment qu'ils vont être dépassés, qu'ils n'ont plus de repère dans cette situation, d'autant que la politique agricole commune est souvent considérée comme archaïque alors que, grâce à de formidables travaux de recherche, le monde de l'agriculture a fait preuve d'une capacité exceptionnelle d'adaptation et s'est rapproché du secteur de la recherche génétique, et plus généralement de l'ensemble de la recherche humaine.
Je me souviens que, dans un discours prononcé à Vassy, M. Valéry Giscard d'Estaing avait dit que l'agriculture allait devenir le « pétrole vert » de la France. C'est aujourd'hui le cas, et vous avez très justement positionné votre démarche, monsieur le ministre, par rapport aux grandes lois d'orientation agricole Debré-Pisani de 1960.
Une révolution est en train de voir le jour dans le domaine de la politique agricole. Ainsi, vous avez osé dire tout à l'heure, monsieur le ministre - je vous en félicite et je vous en remercie - que la préférence communautaire faisait partie des principes de base qu'il fallait défendre. Or tous ceux qui ont suivi de près les évolutions en la matière savent que ce n'était pas aussi clair il y a quelques années. Il y a donc là un progrès.
En revanche, vous le savez, les évolutions mêmes de cette politique, à savoir l'introduction des aides directes, à partir desquelles sont apparus les principes d'éco-conditionnalité, constituent de bonnes pratiques agri-environnementales. Il en est de même du deuxième pilier de la PAC, alors que l'agriculture et le développement rural sont en pleine mutation. Heureusement, la France n'a pas introduit tel quel le régime de paiement découplé et a pris en compte des paiements non liés à l'acte de production.
Tout cela crée une situation qui méritait que le cap soit défini. Or c'est précisément ce que vous faites, ce qui permettra à nos jeunes agriculteurs de retrouver l'espoir et d'envisager un avenir meilleur. Ils oseront même aller s'installer en zone de montagne ! Ils ne seront pas des mendiants dépendants de subventions de mode, mais ils auront un revenu, fruit de leur travail, grâce au développement des marchés et aux prestations payées sous différentes formes.
Une agriculture qui concilie son approche patrimoniale et sa démarche d'entreprise est la meilleure réponse, me semble-t-il, aux interrogations des uns et des autres. Et si j'ai un peu bousculé M. le président de la commission - je le prie de m'en excuser -, c'est parce que j'ai été investi par le groupe d'études sur le développement économique de montagne pour formuler des propositions.