Intervention de Alima Boumediene-Thiery

Réunion du 12 avril 2011 à 14h30
Immigration intégration et nationalité — Discussion d'un projet de loi en deuxième lecture

Photo de Alima Boumediene-ThieryAlima Boumediene-Thiery :

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, l’examen en deuxième lecture du projet de loi relatif à l’immigration, à l’intégration et à la nationalité, qui nous réunit aujourd’hui, se produit dans un climat particulier, sur lequel je souhaite tout d’abord revenir.

Ce texte, fruit d’une initiative de M. Éric Besson, lorsqu’il exerçait ses fonctions au ministère de l’immigration, de l’intégration et de l’identité nationale – ministère qui a aujourd’hui disparu et je m’en réjouis –, avait déjà soulevé en première lecture le mécontentement du Sénat, lequel avait fait en sorte de l’améliorer. Une partie des atteintes, liberticides, contenues dans le texte initial, telles que celles qui avaient été faites au droit au séjour des étrangers malades, ou encore celles qui étaient relatives à l’extension de déchéance de la nationalité française, avaient pu être supprimées au cours de nos débats.

Malheureusement, comme cela arrive de plus en plus souvent, les députés ont de nouveau durci le texte et notre commission a, en partie, rétabli dans sa version plus progressiste celle qui était issue de la première lecture au Sénat.

Monsieur le ministre, les débats en présence de votre prédécesseur, M. Brice Hortefeux, avaient déjà pâti du manque de considération que ce texte témoigne à nos étrangers, et au respect de leurs droits les plus fondamentaux.

Cependant, je m’inquiète de la tournure que nos échanges pourront prendre au regard du contexte nauséabond et xénophobe qui règne à ce sujet depuis plusieurs semaines.

Monsieur le ministre, vous présentez et défendez aujourd’hui ce projet de loi relatif à l’immigration et à l’intégration alors que les propos que vous avez tenus ces derniers jours n’ont eu de cesse de choquer, jusqu’au sein même de votre majorité.

Je m’interroge en effet sur la crédibilité que vous avez, monsieur le ministre, à défendre un projet de loi relatif à l’immigration alors que vous déclariez le 17 mars dernier que « les Français, à force d’immigration incontrôlée, ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux, de voir des pratiques qui s’imposent à eux et qui ne correspondent pas aux règles de notre vie sociale » et que « les Français veulent que la France reste la France ».

Ces déclarations n’ont pas manqué de faire réagir, jusqu’à Marine Le Pen, qui a indiqué avoir souhaité vous faire délivrer « une carte d’adhérent de prestige » au Front national. Vous tentez, en effet, monsieur le ministre, de faire de la récupération politique en flirtant avec l’électorat d’extrême droite. Les résultats des dernières élections cantonales l’ont pourtant démontré, loin de rapporter des voix à votre majorité, cette attitude ne fait qu’accroître les scores du Front national.

Dans vos différents discours, vous évoquez également les « franco-musulmans ». Étrange concept, qui ferait de nos concitoyens musulmans une catégorie à part de Français, les stigmatisant une nouvelle fois. Après les Français de souche, les Français de papiers, il y aurait, d’une part, les Français athées, agnostiques, chrétiens, juifs, bouddhistes et, d’autre part, les franco-musulmans. Aussi, je vous le demande, monsieur le ministre, qu’est-ce qui justifie cette incompréhensible dichotomie ?

À ce sujet, la semaine dernière, vous avez également déclaré : « En 1905, il y avait très peu de musulmans en France, aujourd’hui il y en a entre 5 et 6 millions. Cet accroissement du nombre de fidèles et un certain nombre de comportements posent problème. » Selon moi, ce sont ces déclarations qui posent problème.

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