Elle a voulu construire une société où l'on ne travaille pas, où il n'existe pas de sanction, de discipline, de motivation, de notion d'effort, où l'on attend tout de l'Etat, où ceux qui veulent travailler sont pénalisés. Les avantages acquis sont considérés comme irréversibles, et la France est devenue un pays ultraconservateur, sclérosé, où l'on ne veut rien changer, où la moindre réforme est impossible et donne lieu à une réaction dans la rue, avec un blocage de la circulation, de la distribution de l'électricité, du fonctionnement des écoles et des hôpitaux, etc.
Bref, la France est maintenant un pays immobile qui ne voit pas que le monde change autour de lui, que 2004 n'est pas 1980, un pays ingouvernable, bloqué, démotivé, figé, mais aussi menacé par une production extérieure moins chère et par la concurrence de pays où les règles fiscales sont moins contraignantes, où les syndicats font moins d'obstruction, où les motivations sont plus fortes, où les partis politiques comprennent les réalités économiques.
Cependant, les avantages acquis ne peuvent être éternels, car le budget de l'Etat ne peut plus supporter leur poids, et accuse un déficit impossible à combler. Nous n'avons plus les moyens de vivre ainsi ; il est temps de redresser la barre, et surtout de changer d'état d'esprit. Cela - MM. Marini et Sarkozy l'ont bien souligné -, d'autres pays l'ont compris, et ils ont réagi. En Europe, certains gouvernements socialistes, par exemple en Espagne et au Royaume-Uni, se sont adaptés. Le Danemark a magnifiquement résolu ses problèmes, et la flexibilité y est généralisée.