Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je centrerai mon propos sur deux thèmes portant, d'une part, sur le financement global de la recherche et de l'innovation en Europe, d'autre part, sur la nécessité de mise en réseau et de labellisation des nombreux projets qui émaneront des pôles de compétitivité.
Le financement global de la recherche en Europe est insuffisant. Il est inférieur à celui des États-Unis, par exemple, d'une somme considérable de 50 milliards d'euros par an. Autrement dit, au bout de cinq ans, les États-Unis disposent pour la recherche de 250 milliards d'euros de plus, et ce pour un produit intérieur brut à peu près comparable. Alors que l'on dit à Lisbonne que l'on veut rattraper les pays les plus avancés, en fait, on ne les rattrape pas, on perd même du terrain !
Il y a, à mon avis, une solution et une seule. Il convient que les autres pays élaborent un budget pour 2006 semblable à celui de la France, mais aussi que l'Europe emprunte par l'intermédiaire d'un outil qu'elle possède, la Banque européenne d'investissement, 150 milliards d'euros sur le marché mondial.
Pour les responsables de la BEI, c'est parfaitement possible, cela ne pose aucun problème, ils savent faire. Cependant, l'Europe n'ayant malheureusement pas la personnalité morale, il faut obtenir l'accord des vingt-cinq États membres.
Par le canal du groupe ELITE que j'ai contribué à créer - cela signifie « élargir l'innovation et les talents en Europe », l'acronyme fonctionne aussi en anglais -, nous avons déjà fait de la propagande dans différents pays : en France, bien sûr, et en Allemagne, M. Chirac comme M. Schröder ont même déjà obtenu des avancées puisque, très récemment, la BEI a accordé un emprunt pour l'innovation. Des pays comme la Pologne ou le Danemark se sont associés et ont fait savoir, dans les colonnes du Financial Times, qu'ils étaient d'accord.
L'Europe devrait emprunter pour que l'innovation nous permette de faire ce que font les Américains ! Grâce à cela, ils ont 4, 5 % de croissance, voire plus, et ils continuent à dominer le monde. Nous pourrions en faire de même !
Un tel financement permettrait de renforcer les initiatives Eurêka, le projet MEDEA, dont le développement industriel, académique et scientifique est très fort, et la recherche fondamentale. Dans le même temps, cela permettrait de favoriser la coopération, notamment entre les différents pôles de compétitivité et centres d'excellence européens.
J'en viens à la seconde partie de ma brève intervention, l'absolue nécessité de mise en réseau et labellisation des projets.
Les projets présentés devraient, d'une part, intégrer des partenaires internationaux et, d'autre part, mettre en oeuvre une coopération entre les grandes et les petites entreprises. Il conviendrait de promouvoir l'équivalent d'un Small Business Act soit en France, soit au niveau européen, même si des questions de concurrence internationale se posent.
Nous avons là, me semble-t-il, une possibilité pour labelliser des projets d'autant que, en tout cas en France, ils associent par nature la recherche publique et la recherche privée.
Si les pôles de compétitivité en tant que tels constituent un réseau régional ou local, il n'en est pas moins nécessaire de créer un réseau entre eux.
C'est dans ce sens que j'ai organisé une réunion à Sofia Antipolis entre tous les pôles de compétitivité. Nous allons très bientôt favoriser les contacts entre les pôles ayant une même globalité de recherche, de façon que les projets soient non pas tous concurrents, mais bien complémentaires.
Réseau, internationalisation, association de grandes et de petites entreprises, d'entreprises publiques et privées, tels sont les termes de la nouvelle dynamique que nous pouvons imposer à toute l'Europe, surtout avec un financement complémentaire !