Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je me contenterai de formuler quelques brèves remarques sur l'enseignement supérieur et son fonctionnement : la situation matérielle des universités, la sélection et l'orientation universitaire, ainsi que l'enseignement supérieur privé, à savoir les universités catholiques.
Le budget total de l'enseignement supérieur est très inférieur à l'ensemble des dépenses à fonds perdus faites pour colmater les brèches du chômage et indemniser les chômeurs. Ce rapprochement est très inquiétant et montre que certaines dépenses se font au détriment de ce qui prépare l'avenir.
Ainsi, les conditions matérielles d'exercice des enseignants du supérieur sont médiocres quand on les compare à celles de leurs homologues étrangers, et cela contribue à limiter l'investissement des enseignants auprès de leurs étudiants. En effet, pour les rencontrer, la disposition d'un bureau, par exemple, ne serait pas superflue.
Ces conditions matérielles concernent aussi les étudiants. Un exemple saute aux yeux actuellement, celui de l'accueil des étudiants en première année de médecine.
L'augmentation du numerus clausus se traduit par une croissance très forte du nombre d'étudiants de première année - même si, pour beaucoup d'entre eux, ils se font des illusions en s'engageant dans cette voie -, mais les locaux n'ont pas suivi.
Ainsi, à Nantes, des étudiants s'assoient par terre, et il faut arriver au moins trois quarts d'heure avant le début du cours pour trouver une place ; à Angers, certains étudiants précautionneux viennent même deux heures à deux heures et demie avant le début des cours.
Cette situation vient s'ajouter à une concurrence exacerbée : les redoublants s'ingénient à empêcher les « primants » de suivre les cours, sans que l'on s'en émeuve beaucoup au sein des universités. Cela profite aux classes préparatoires privées, pour ceux qui ont les moyens. Certaines universités en viennent aussi à prendre des mesures de discrimination afin de limiter les inscriptions, mesures, variables d'une université à l'autre, dont la légalité est probablement discutable. Il serait bon, monsieur le ministre, de moraliser rapidement ces situations.
Pour ce qui est de la sélection et de l'orientation des étudiants, le système des grandes écoles est fondé sur une sélection très exigeante, pas toujours adaptée. Pour entrer dans les IUT ou dans les STS, il y a aussi une sélection. En revanche, sauf dans quelques cas limités, on entre très facilement à l'université.
Trois problèmes au moins se posent.
Tout d'abord, des étudiants s'engagent dans des filières dont les débouchés sont limités ou qui sont inadaptées aux objectifs qu'ils envisagent d'atteindre. Je pourrais citer la psychologie - c'est très bien, mais encore faut-il savoir ce que l'on veut faire ensuite -, ou bien l'histoire de l'art - c'est encore mieux probablement, le professeur d'histoire que j'étais ne peut dire le contraire -, toutes formations qui, si elles sont très utiles à la culture générale, débouchent la plupart du temps sur peu d'emplois.
Ensuite, des universités font du remplissage, sans se préoccuper des chances de réussite des étudiants dans la voie où ils s'inscrivent, dans le seul but d'avoir des crédits ou de sauver des filières peu fréquentées ; sont-elles d'ailleurs, dans certains cas, fréquentables ? Il faudra avoir le courage de couper les branches mortes, afin de redéployer des moyens sur d'autres secteurs qui seraient alors mieux dotés et plus efficaces.