Intervention de Jean-Claude Peyronnet

Réunion du 11 janvier 2007 à 9h30
Prévention de la délinquance — Vote sur l'ensemble

Photo de Jean-Claude PeyronnetJean-Claude Peyronnet :

Peu importe, donc, que les prémisses sur lesquelles est fondée cette politique soient fausses et que les chiffres que commentera le ministre de l'intérieur cet après-midi soient biaisés.

La notion de délinquance globale, je vous l'ai dit à plusieurs reprises, monsieur le ministre délégué, et ce dès la première lecture, n'a aucun sens. Il suffit par exemple que les techniques de protection des téléphones portables évoluent pour que la délinquance dans ce domaine diminue d'un coup. Dans le même temps, les vols de GPS augmentent.

De même, la diminution du nombre de vols dans les immeubles est-elle le résultat de l'action de la police nationale ou municipale ou bien des sociétés de gardiennage qui en assurent la protection ? Il serait intéressant d'approfondir cette question. La protection des immeubles évoluant, les chiffres de la délinquance sont biaisés.

Il conviendrait surtout d'analyser ces chiffres avec finesse, monsieur Estrosi. Cessez ainsi de nous asséner, comme vous le faites, cette baisse de 9, 3 % - votre pédagogie finit par porter ! - de la délinquance depuis cinq ans. Ce chiffre est faux, forcément faux, comme la plupart des statistiques.

Dans un entretien tout à fait intéressant, paru dans un quotidien ce matin, des chercheurs expliquent de quelle façon on peut arriver à certaines statistiques. Ainsi, je n'avais jamais compris comment il peut y avoir plus de faits élucidés que de faits constatés. C'est assez simple selon un officier de police, qui donne l'exemple de l'arrestation d'un fumeur de joint, et c'est facile, il y en a plein autour des lycées : « Une personne est arrêtée avec un joint. Cela fait un fait constaté et un fait élucidé. On lui demande si elle a déjà fumé. Elle répond qu'elle a déjà fumé un joint l'année dernière dans une autre circonscription : l'officier de police peut se dire : J'ai déjà un fait constaté et résolu et un autre fait résolu, puisque la personne a reconnu avoir fumé un joint par le passé. Le deuxième ne sera ainsi jamais constaté. »

On peut faire évoluer les statistiques comme on le veut. Les chercheurs interviewés, qui sont des personnes de valeur, travaillant dans des universités en province, disent que, si l'on fermait tous les commissariats de police pendant quarante-huit heures, la délinquance baisserait de façon très forte.

Tout cela montre que la délinquance statistique n'est pas la délinquance réelle.

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