Intervention de Jean-Paul Virapoullé

Réunion du 6 mai 2009 à 14h30
Développement économique de l'outre-mer — Vote sur l'ensemble

Photo de Jean-Paul VirapoulléJean-Paul Virapoullé :

Nous avons beaucoup travaillé, et je tiens à rendre hommage à l’ensemble de mes collègues, au Gouvernement, particulièrement à M. le secrétaire d’État chargé de l’outre-mer, et à tous ceux qui ont apporté leur contribution à cette réflexion.

Au départ, ce projet de loi a fait l’objet de bien plus de critiques que de louanges, et tout le monde se demandait comment ce texte allait pouvoir être adopté en pleine crise antillaise. Mais M. le secrétaire d’État et tous ceux qui l’entourent ont eu le courage d’affronter nos critiques et de plaider pour des arbitrages très difficiles, sur lesquels ils ont finalement obtenu gain de cause.

Ce texte honore le Parlement français, car il s’est adapté, au fil des débats, à la réalité économique locale. Nous ferons œuvre utile ce soir en le votant avec un certain espoir, et même un certain enthousiasme, car il modifie la logique du développement outre-mer.

Jusqu’à présent, la solidarité européenne et la solidarité nationale constituaient les moteurs essentiels du développement économique de l’outre-mer. Aujourd’hui, avec ce texte, nous disons à l’outre-mer que nous lui faisons confiance, nous lui demandons d’accroître ses capacités propres de développement économique. C’est dans cette optique que nous mettons en place des zones franches d’activités et un système de défiscalisation adapté.

En outre, loin de sacrifier la politique du logement social sur l’autel de la rigueur budgétaire, ce projet de loi la renforce, la dynamise.

Nous avons également tenu compte des demandes des agriculteurs. Grâce à la vigilance de tous, l’économie sucrière va, j’en suis sûr, être sauvée par la valorisation de la biomasse tirée de la canne.

Ce texte renferme bien d’autres points au moins aussi positifs que je me dispenserai d’évoquer à cette heure, pour souligner simplement que, au total, il marque un changement de logique économique en outre-mer. Nous, départements et collectivités d’outre-mer, devons nous doter d’un moteur de développement interne à même de nous permettre de rayonner dans les espaces régionaux qui nous entourent, comme d’exporter des services et des biens de consommation vers l’Europe. Tel est le défi que doit relever cette loi.

Évidemment, elle ne va pas tout résoudre d’un coup. Mais, en pleine crise économique et en période de déficit budgétaire, c’est un milliard d’euros que l’État a choisi de consacrer à l’outre-mer. Nous en sommes conscients et je remercie le Parlement et le Gouvernement. L’outre-mer doit savoir que nous ne votons pas, ce soir, une loi au rabais : elle « pèse » un milliard d’euros, qui serviront à dynamiser les structures de production, à créer des zones nouvelles d’activités, dans les domaines des énergies renouvelables, de l’agro-alimentaire, de la recherche et du développement !

Le dispositif est bon, mais il faut aller encore plus loin. Aussi permettez-moi, ce soir, d’adresser une prière au Gouvernement et au Parlement. Je ne vous demande aucun moyen ; je vous demande seulement de croire que le XXIe siècle sera celui de l’exploration et de l’exploitation des richesses de la mer.

Avec l’outre-mer, la France est la première puissance mondiale maritime. Croyez en nous ! Nous avons des atouts qui n’ont jamais été évalués, qu’il s’agisse des ressources provenant de la mer, des énergies renouvelables ou de la biodiversité. Expertisez-les et que cette loi, comme celles qui suivront, valorisent encore mieux ces atouts ! Alors, l’outre-mer non seulement ne tendra plus la main, mais apportera sa contribution à la richesse nationale !

Voilà pourquoi, ce soir, nous voterons le texte tel qu’il résulte des travaux du Parlement.

Si, en quarante ans, de nombreux progrès ont été accomplis, l’outre-mer continue de souffrir d’un cancer. Sans faire le procès de l’éducation nationale, qui ne peut résoudre tous les problèmes de la société, je dirai que la lutte contre l’illettrisme, même si des progrès ont été accomplis dans ce domaine, n’est toujours pas à la hauteur des défis que nous voulons relever.

Pour que cette loi ait, à l’avenir, tous les effets que nous en escomptons, nous devons expérimenter outre-mer de nouvelles méthodes d’enseignement, de valorisation de nos jeunes dans les universités, de coopération et d’ouverture au monde. Vous verrez alors que l’effort que vous avez consenti en nous accordant un milliard d’euros avec ce texte n’aura pas été un vain sacrifice.

Monsieur le secrétaire d’État, puissiez-vous entendre notre volonté d’expertise de nos atouts ! Valorisez-les grâce à ce texte, afin que l’outre-mer soit une chance pour la France et pour l’Europe !

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