Intervention de René-Pierre Signé

Réunion du 13 janvier 2011 à 9h30
La ruralité : une chance pour la cohésion et l'avenir des territoires — Discussion d'une question orale avec débat

Photo de René-Pierre SignéRené-Pierre Signé :

Je voudrais insister sur l’apport de la ruralité sur le plan culturel. Il ne s’agit nullement d’une contribution de deuxième rang, dénuée d’intérêt ; elle est au contraire souvent novatrice, à l’origine de bien des développements culturels urbains. Les exemples ne manquent pas à cet égard, en France et hors de nos frontières.

Dans ce mode de vie, la culture est au service de deux ambitions : promouvoir le « vivre ensemble » et affirmer sa créativité, ses talents et ses richesses.

Il ne s’agit pas d’encourager le développement d’un particularisme condamnable. Le milieu rural est porteur non pas d’une contre-culture, mais d’une autre culture, différente. Ce concept n’a rien de négatif dans la mesure où cette culture est alimentée par la créativité locale. Elle peut, d’une certaine manière, tout en étant populaire, constituer une offre alternative et complémentaire, nourrie par des échanges, sans pour autant entraîner un appauvrissement de la créativité. La société, rurale ou urbaine, plonge ses racines dans la géographie, non pas celle qui résulte du découpage arbitraire des pays ou des départements, mais celle qui a été modelée par les différentes ethnies installées bien avant le début de l’histoire.

Le savoir du monde rural relève donc pour l’essentiel de la vie quotidienne. C’est la culture du « vivre ensemble ». Poésie et vie pratique s’y combinent fréquemment en un savoir populaire et utile, qui peut emprunter ses figures, ses expressions et ses représentations au patrimoine étranger. Cette culture rurale néo-mondialisée, reprise, modifiée, adaptée, transformée, peut apporter une modernité technologique intéressante.

Pourquoi insister sur le développement culturel ? Parce qu’il est prouvé que développement culturel et développement économique sont liés et qu’à toute friche culturelle correspond une friche économique et sociale. Culture de diversité, la culture rurale constitue une expression tout à fait respectable et utile, et ne doit pas être reléguée dans les oubliettes du passé, au nom d’un élitisme qui serait réservé à l’urbain. Cette culture a conservé nombre d’activités traditionnelles fortes, rénovées, revigorées. Elle défend, par un savant dosage, avec l’apport de nouvelles populations, un certain art de vivre, fondé sur la simplicité des échanges, l’engagement associatif et citoyen, une forme de convivialité, un rapport particulier au temps et aux autres.

Le développement de la culture en milieu rural passe par un soutien à l’éducation populaire : mise en réseaux de centres sociaux, foyers sociaux, écoles. Si les élus sont tellement attachés à la présence d’une école dans leur commune, c’est qu’ils mesurent sa participation au développement culturel, reposant sur la trilogie enfants, parents, enseignants.

La création d’un « bouclier rural » permettrait d’assurer l’accès dans des délais acceptables aux services publics dans tous les domaines, y compris la culture. En ne laissant personne sur le bord du chemin, on retisse des liens entre ruraux et citadins, entre habitants des campagnes eux-mêmes, on conforte un modèle de vie respectable et utile.

Les difficultés que connaissent les zones urbaines viennent confirmer que la qualité de vie en milieu rural, pour peu qu’on veuille bien aider celui-ci à s’épanouir, est source d’un apaisement et d’une sérénité que l’on ne retrouve nulle part ailleurs.

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