Monsieur ministre, vos efforts pour nous réconforter nous sont allés droit au cœur, mais les ruraux sont en droit d’attendre autre chose que des motifs d’espérer !
Je crains pour ma part que l’essentiel n’ait été oublié. Notre système est fondamentalement, spontanément « ruralicide ». Telle est sa pente naturelle. Nous, élus ruraux, passons notre temps à essayer de lutter contre cette tendance, d’imaginer des solutions pour contrecarrer les effets négatifs de dispositions qui, ailleurs sur le territoire, ont une incidence positive.
Ainsi, la télévision numérique terrestre, qui représente un progrès technique essentiel, est pour la ruralité un motif de préoccupation. Contrairement à ce que l’on nous raconte, les problèmes ne sont pas encore réglés, et quand ils le seront, ce sera, comme d’habitude, au désavantage des territoires ruraux ! Les difficultés liées à la mise en place du haut débit ont été évoquées tout à l’heure.
Même la logique politique, qui devrait permettre d’inverser la tendance, nous est défavorable. M. Legendre a rappelé le triste sort qui a été réservé à son amendement en commission mixte paritaire, et je pourrais aussi évoquer l’application de la loi Carle en matière de regroupement pédagogique intercommunal. Rien ne joue en faveur du monde rural, qui doit lutter vent debout !
Par ailleurs, vous n’avez pas vraiment évoqué, monsieur le ministre, le problème du financement de la présence des services publics en milieu rural.
S’agissant des services publics de l’État, vous nous avez dit en substance : « Circulez, il n’y a rien à voir. Vous n’aurez pas un sou de plus, vous serez traités comme les autres ! » La porte étant fermée, il n’y a aucune raison que la tendance à la disparition des services publics s’inverse.
Même pour les services d’intérêt général, qui se financent essentiellement selon la logique économique, vous n’avez apporté aucune réponse. Je suggère pour ma part que l’on tente de réfléchir sur la base de la solution mise en place pour La Poste en matière de financement du surcoût induit par le maintien d’une présence dans des lieux où il est impossible que les recettes permettent de couvrir les dépenses. Il y aurait beaucoup à dire sur la façon dont La Poste procède et sur le fonctionnement de ce type de péréquation, mais il s’agit à mes yeux d’une piste intéressante. Tant que l’on n’aura pas instauré une forme de péréquation, on aura beau espérer ou désespérer, on n’avancera pas !