L’enjeu est suffisamment important pour que les responsables politiques, dont certains se préparent – c’est légitime – à des échéances électorales, n’alimentent pas, par des propos infondés, l’inquiétude sur les perspectives d’évolution de la notation de la France.
Je voudrais à présent rappeler brièvement certains éléments de cadrage macroéconomique.
L’économie mondiale est entrée dans une phase de ralentissement ; je n’y reviens pas.
Le niveau de la croissance du PIB au troisième trimestre, que l’INSEE vient d’indiquer, montre que l’activité résiste bien en France. Nous avons enregistré une croissance de 0, 4 %, malgré un environnement international incertain. Comme je l’avais précisé avant l’été, le fort ralentissement du deuxième trimestre était donc temporaire. La consommation des ménages a nettement rebondi, l’investissement a progressé de 0, 4 % et le commerce extérieur – qui constitue l’une de nos faiblesses, nous le savons – a apporté une contribution légèrement positive à notre croissance.
Ces résultats montrent que les mesures des plans antérieurs répondaient à l’objectif d’équilibre que nous avions formulé : d'une part, réaliser des économies afin de réduire le déficit public, y compris du point de vue structurel ; d'autre part, prendre des mesures qui n’affectent pas le pouvoir d’achat des Français, dont nous savons qu’il nourrit la consommation, principal moteur de notre activité économique. La bonne tenue de ce pouvoir d'achat, qui a stimulé l’activité économique au troisième trimestre, prouve la pertinence des choix faits par le Gouvernement lors de la préparation du budget pour l’année 2011. À l’époque, Valérie Pécresse avait défendu avec talent les mesures de soutien de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui ont d'ailleurs été soutenus continûment durant cette législature.
Dans ce contexte général, nous avons adapté notre prévision de croissance pour 2012 : nous l’avons abaissée à 1 %, contre 1, 7 % initialement prévu. Nos partenaires allemands ont effectué exactement la même adaptation.
La diminution de notre prévision de croissance pour 2012 s’explique, en premier lieu, par le ralentissement mondial, qui affectera la demande étrangère adressée à la France et donc nos exportations. La conjoncture défavorable se répercutera sur notre demande intérieure, même si celle-ci continue de progresser par rapport à 2011.
Toujours selon notre hypothèse, le pouvoir d’achat des ménages continuerait de croître, soutenu par la bonne tenue de la masse salariale et la modération des prix.
Cette évolution, couplée à une baisse modérée du taux d’épargne, permettrait à la consommation des ménages, premier moteur de la croissance, de progresser en 2012 au même rythme qu’en 2011. La moindre demande intérieure se traduirait par des importations moins dynamiques : la contribution de l’extérieur serait ainsi neutre sur la croissance.
Voilà, mesdames, messieurs les sénateurs, les quelques éléments de cadrage macroéconomique que je voulais porter aujourd’hui à votre connaissance. Les difficultés que j’ai évoquées, vous l’aurez compris, justifient pleinement les mesures exigeantes qui sont contenues dans le projet de loi de finances pour 2012 ainsi que dans les textes rectificatifs qui vous seront soumis en parallèle et dont le détail vient de vous être présenté.
Avec l’adoption de leur règle d’or, nos voisins espagnols ont montré que le temps n’était plus à l’opposition stérile entre partis et qu’il fallait travailler ensemble à l’élaboration de solutions audacieuses, nonobstant les divergences de convictions ou de points de vue.
Nous devons tenir un discours de vérité aux Français et nous accorder sur les mesures nécessaires et justes qui nous permettront de traverser la crise sans porter atteinte – c’est aussi le fil conducteur de l’action gouvernementale – à notre modèle social non plus qu’à notre croissance, et nous devons le faire sans attendre.