Intervention de Philippe Dominati

Réunion du 17 novembre 2011 à 14h30
Loi de finances pour 2012 — Discussion d'un projet de loi

Photo de Philippe DominatiPhilippe Dominati :

En outre, les textes en discussion visaient à proposer non pas des dispositions concrètes pour soutenir les entreprises de notre pays ou les collectivités territoriales, mais des mesures particulièrement destructrices.

J’ai apprécié la démarche de M. Marc, qui a procédé par comparaisons à l’échelle de la décennie.

Voilà dix ans, les réserves mondiales de change étaient détenues aux deux tiers par l’Europe, le Japon, les États-Unis, et quelques autres pays occidentaux.

À partir de 2005, la répartition s’est équilibrée : les pays émergents ont accumulé des réserves de change, au rythme d’environ 500 milliards de dollars par an, pendant que l’Europe, les États-Unis, le Japon peinaient à assurer leur croissance.

En 2010, le rapport est inversé. Alors que les réserves de change sont cinq fois plus importantes, ce sont maintenant les pays émergents qui détiennent les deux tiers des réserves mondiales, et l’Europe vacille.

Le Président de la République, assumant sa responsabilité de président du G20, a promu des mesures propres à répondre à la crise financière, tout en rassurant et en essayant de faire comprendre aux Français la nécessité de poursuivre les réformes.

Et cela induit un certain changement dans le ton du débat budgétaire. Moi qui ai pris part à la discussion de nombreux projets de loi de finances, je perçois, sur toutes nos travées, une différence par rapport aux années précédentes. Du fait de la dynamique lancée par le Président de la République lors du G20, le débat de cette année a été placé sous le signe de la convergence avec l’Allemagne, et cela se traduit par un changement de langage.

Pour la première fois, à l’exception peut-être de M. Bocquet, personne n’a dénoncé une « politique ultralibérale ». Pourquoi ? Tout simplement parce que, au nom du désendettement, qui concerne toutes les formations politiques, on s’aperçoit, enfin, que l’on est obligé de mener une politique plus libérale.

Une politique plus libérale, c’est une politique plus réaliste, une politique où la dépense publique compte moins, où l’on ne fait pas croire que la dépense entraîne nécessairement la croissance, surtout si elle n’est pas consentie avec parcimonie et orientée de manière judicieuse.

La convergence avec l’Allemagne nous amène à prendre en considération plusieurs réalités.

Tout d’abord, l’écart entre la part de la dépense publique française – 56 % du PIB, monsieur Foucaud – et la part de la dépense publique allemande est de dix points, contre six points en moyenne pour les autres pays européens.

Nous devons également témoigner de notre capacité de réactivité. Là encore, nous pouvons nous inspirer de l’exemple allemand. Lorsque nous avons annoncé un plan de relance par la dépense publique, l’Allemagne baissait de 30 milliards d’euros ses prélèvements obligatoires. Or, nous ne devons pas l’oublier, la France reste en Europe et au sein du G20 le champion des prélèvements obligatoires.

Pourquoi l’Allemagne compte-t-elle 6 000 écoles primaires de moins que la France, alors que sa population est autrement plus nombreuse ?

Pourquoi l’audiovisuel public a-t-il, en Allemagne, beaucoup moins de poids qu’en France ?

Pourquoi la vision allemande des transports est-elle si différente de celle qui prévaut chez nous ?

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