Intervention de Catherine Deroche

Réunion du 29 novembre 2011 à 14h30
Loi de finances pour 2012 — Santé

Photo de Catherine DerocheCatherine Deroche :

Madame la secrétaire d’État, vous réussissez, en période de maîtrise budgétaire, à optimiser notre politique de santé tout en stabilisant les crédits alloués à cette mission. Je tenais à vous en remercier.

Certes, le budget de la mission « Santé » ne représente que 0, 86 % de celui de la branche maladie. Toutefois, il est loin d’être insignifiant, car il détermine les grandes orientations de santé publique.

Mon intervention concernera plus particulièrement la prévention et la sécurité sanitaire.

Mes chers collègues, je suis tout comme vous attachée à notre système de santé, dont le coût n’est toutefois pas négligeable. Étant donné qu’il n’est pas question de revenir sur le maintien indispensable de la qualité des soins, notre objectif doit être de réduire au mieux le nombre et la gravité des maladies, des accidents et des handicaps.

Car si la guérison en matière de santé est l’objectif premier, une bonne prévention, optimisée, réduit considérablement les pathologies futures, donc le coût de notre système de santé.

C’est ainsi qu’une très récente étude annonce une baisse significative du taux de cholestérol chez les adultes, principalement les quadragénaires. Voilà la preuve qu’une prévention bien ciblée peut et doit bénéficier d’un bon retour sur investissement !

Je relève avec satisfaction la hausse de 150, 5 millions d’euros des crédits de la mission « Santé », dont 135 millions d’euros destinés au budget de l’AFSSAPS. Cette augmentation confirme la priorité que vous accordez à la prévention et la sécurité sanitaire, madame la secrétaire d’État.

Il est vrai que notre pays a connu successivement plusieurs épisodes mettant en lumière nos défaillances en matière de sécurité sanitaire. Mais, là encore, le Gouvernement s’est montré réactif et volontaire. Voilà quelques jours, Xavier Bertrand rappelait qu’il y avait « un avant et un après Mediator ».

Notre système de sécurité sanitaire s’améliore indéniablement, en assurant, par exemple, la transparence et l’indépendance de la nouvelle Agence nationale de sécurité du médicament, l’ANSM. Si l’affaire du Mediator a eu le plus de retentissements, on a récemment pu dénoncer, entre autres, les prothèses mammaires, les biberons et autres contenants au bisphénol A, les pesticides et autres substances soumises à des examens, nombreux et contradictoires, sans oublier les ondes électromagnétiques, qui continuent à susciter des travaux et des débats passionnés et récurrents au sein même de notre Haute Assemblée. Une bonne prévention doit éviter deux écueils : l’excès du principe de précaution et le retrait trop tardif de la substance qui présente un réel danger.

L’évaluation « intérêt-nocivité » des médicaments est déjà bien amorcée.

Toutefois, les risques liés à l’environnement professionnel et personnel, à l’alimentation et à une mauvaise hygiène de vie sont nombreux. Chaque semaine, nous entendons des mises en garde. À l’approche de Noël, des jouets destinés à nos enfants, choisis au hasard, ont été soumis à des tests : presque la moitié contenait des substances chimiques nocives. Et il y a la même suspicion quant à la cosmétologie. Voilà autant de défis qui devraient mobiliser l’ANSES !

Devant tant de risques, bien réels ou parfois exagérés, la prévention devient une priorité encore plus aiguë.

Comme l’a relevé le rapport de la Cour des comptes, le système est complexe. Il n’est donc pas aisé d’avoir une vision globale des moyens consacrés à la prévention.

Cependant, des réformes ont été mises en œuvre. Ainsi, la Haute Autorité de santé commence déjà à développer une approche pluridisciplinaire.

Tout cela ne doit pas nous faire oublier les préventions classiques, indispensables, comme la vaccination des enfants. Aujourd’hui, des pathologies comme la rougeole ressurgissent en France dans des proportions inquiétantes, supérieures à celles que l’on observe dans les autres pays européens.

Les plans santé, qui sont au nombre d’une trentaine, ont permis de nombreuses avancées. Malgré cela, certaines campagnes d’information, en dépit d’un succès indéniable, ne tiennent pas encore toutes leurs promesses, faute de toucher un public large. Je pense par exemple au dépistage du cancer du sein ou du cancer colorectal. Et le dépistage de l’ostéoporose doit être amplifié, dans le cadre de la prévention de la dépendance.

Madame la secrétaire d’État, je voudrais enfin formuler un souhait. En France, le cancer est devenu la première cause de mortalité. Le plan cancer est une réelle avancée. Malheureusement, il manque des postes hospitalo-universitaires. La démographie médicale frappe là aussi !

De plus, dans le contexte actuel, les moyens consacrés à la lutte contre le cancer, s’agissant notamment de l’Institut national du cancer, ne pourront pas augmenter cette année. En tant qu’ancien médecin cancérologue, je sais, comme vous, l’attente des Français face à cette maladie. Madame la secrétaire d’État, parmi les priorités, dont je conviens qu’elles sont fort nombreuses, de notre politique de santé, le plan cancer mérite toute notre attention.

Je voterai bien évidemment les crédits de la mission « Santé ».

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