Madame la présidente, monsieur le ministre d’État, mes chers collègues, nous le savons et nous en sommes fiers, la France vient de jouer un rôle essentiel dans ce que l’on appelle le « printemps arabe », ce qui m’amène d’emblée à déplorer que la mission « Action extérieure de l’État », qui porte pourtant la voix de notre pays et participe à son rayonnement, n’ait pu se sortir des méandres d’une révision générale des politiques publiques bien aveugle. Quel dommage et quelle occasion manquée d’asseoir un peu plus notre position dans ce monde désormais épris de liberté, et tant mieux !
Monsieur le ministre d’État, je m’attendais à ce que votre arrivée coïncide avec la continuation de l’effort consenti l’an passé. Pourtant, malgré l’accroissement de nos engagements multilatéraux, les crédits accordés à cette mission sont en baisse de 2 % pour les autorisations d’engagements et de 1, 4 % pour les crédits de paiement.
En découle principalement la perte de 378 emplois équivalents temps plein. Et notons que, depuis 2006, le Quai d’Orsay a vu ses effectifs diminuer de 10 %, mouvement qui devrait malheureusement continuer jusqu’en 2013, avec la suppression de 450 postes, toujours en application de la révision générale des politiques publiques.
Monsieur le ministre d’État, mes chers collègues, je m’interroge vraiment sur l’opportunité d’une telle politique. Bien sûr, il est nécessaire de faire des économies, nous le savons. Bien sûr, nous devons impérativement prendre à bras-le-corps la crise de la dette publique. Néanmoins, devant l’ampleur du bouleversement géopolitique actuel, est-il bien raisonnable de remettre en cause l’universalité de notre réseau diplomatique – car c’est bien de cela qu’il s’agit ! –, alors que la France peut, cela a été dit, s’enorgueillir de disposer de l’un des réseaux d’ambassades et de consulats parmi les plus importants ?
Ce qui est sûr, c’est que, au travers de la redéfinition des postes diplomatiques, se pose la question de la capacité de certaines ambassades, voire de certains consulats, à assurer l’ensemble de leurs missions. Si les ambassades « à missions prioritaires » bénéficient d’un soutien particulier, que va-t-il advenir des ambassades dites « à missions spécifiques » ?
Imposé finalement sans véritable concertation, le redéploiement des effectifs diplomatiques est marqué par une absence de prospective. L’actualité récente nous montre pourtant que les pays prioritaires d’aujourd’hui ne seront pas nécessairement ceux de demain.
Monsieur le ministre d’État, mes chers collègues, compte tenu du peu de temps qui m’est imparti, je me concentrerai sur le programme 105 « Action de la France en Europe et dans le monde », et spécifiquement sur la ligne budgétaire consacrée aux opérations de maintien de la paix.
Je m’inquiète de la baisse de 14 % des crédits alloués qui, comme le souligne très justement le rapporteur spécial, constitue un véritable pari dont on ne peut connaître par avance les répercussions. Ces crédits risquent de devoir être réévalués.
Monsieur le ministre d’État, en terminant – déjà ! –, au nom de tous mes collègues radicaux de gauche, je me félicite à cette tribune de la libération du peuple libyen, dans laquelle la France a joué un rôle central et prépondérant.
L’opération Harmattan fut incontestablement un succès politique et militaire. Nous l’avons soutenue, je le rappelle, dans le cadre fixé par les Nations unies. Et, puisque j’évoque les Nations unies, je veux vous dire que les radicaux de gauche, eux aussi, sont très attachés au droit de veto de la France.
Toutefois, en tant qu’Européen convaincu, permettez-moi de voir dans la manière dont les événements se sont déroulés le signe de l’incapacité de l’Europe à s’entendre sur les plans diplomatique et militaire. Une fois de plus, et je le ferai inlassablement, je répète que seule une Europe fédérale, que les radicaux de gauche appellent de leurs vœux, nous permettra de construire une véritable politique extérieure à l’échelle du continent et, bien entendu, de surmonter la terrible crise budgétaire et financière que nous traversons.
Pour toutes les raisons que j’ai rapidement évoquées, monsieur le ministre d’État, mes chers collègues, les sénateurs radicaux de gauche et la grande majorité des membres du RDSE ne voteront pas en faveur des crédits accordés à cette mission.