Cependant, je dois reconnaître qu’il est une action qui a redoré l’image de la France et dans laquelle votre intervention, monsieur le ministre d'État, a été déterminante. Je pense au vote de la France qui a favorisé l’entrée de la Palestine à l’UNESCO, ainsi qu’à vos efforts au Proche-Orient pour tenter d’instituer une paix juste entre Israël et les Palestiniens.
Chacun sur ces travées s’accorde à dire, ou à penser, que votre compétence et votre autorité, monsieur le ministre d’État, ne furent pas étrangères au réveil de notre diplomatie, réveil qui, je l’espère, ne sera pas éphémère.
Bien au-delà de ces interventions où la France a tenu le devant de la scène internationale, il y a l’indispensable obligation pour notre pays de participer activement et durablement à de multiples actions. C’est ainsi qu’à travers le monde, jusqu’à voilà quelques années encore, a été valorisée l’image « France », associée à notre culture, à nos traditions démocratiques et à l’originalité de notre politique extérieure.
Il va de soi, monsieur le ministre d'État, que cette présence française doit s’appuyer sur nos ambassades, qui doivent impérativement disposer des moyens d’assumer leur rôle.
Or le budget de la mission « Action extérieure de l’État » affiche, par rapport à la loi de finances initiale pour 2011, une baisse de 2 %.
Il ne faut en outre pas oublier que, pendant la période 2009-2011, ce sont plus de 700 emplois qui ont été supprimés dans votre ministère, comme l’ont souligné plusieurs de mes collègues.
Je crains que les effets de cette politique ne limitent considérablement nos actions et ne mettent en péril l’efficience de notre réseau diplomatique.
Ce n’est pas avec de telles conditions que nous pourrons, je ne dis pas développer, mais simplement maintenir une présence française ambassadrice de notre culture, de nos savoirs et de la francophonie.
Qu’il est loin le temps, monsieur le ministre d'État, où la France investissait, finançait, entre autres établissements, des lycées et favorisait des liens entre nos universités et celles à la construction desquelles nous avions apporté notre aide.
Permettez-moi à ce titre d’évoquer un souvenir. En juin dernier, avec ma collègue Michelle Demessine et le président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées de l’époque, M. Josselin de Rohan, j’avais rencontré au cours d’une mission en Afghanistan la présidente de la commission des affaires étrangères du Sénat afghan. Celle-ci n’a cessé de témoigner de son profond respect pour notre pays, citant nos écrivains, nos philosophes, le siècle des Lumières, nos chercheurs. Elle soulignait l’importance que pouvaient avoir le rayonnement et l’influence de la France dans bien des pays, dont le sien.
Une telle prise de position trouvait logiquement sa justification dans la présence à Kaboul du lycée Esteqlal, décidé en 1966 par le Général de Gaulle et inauguré en 1968 par Georges Pompidou. Il est vrai, et nous le regrettons, que les priorités de l’époque ne sont plus celles d’aujourd’hui.
Les faits sont là : la faiblesse de nos moyens ne permet plus à notre pays de maintenir ses zones d’influence historiques. Elle a pour corollaire la perte progressive de notre langue.
Pour limiter cette dégradation, il existe bien quelques manifestations, colloques ou rencontres, telle la Journée internationale de la francophonie, organisée le 20 mars, mais dont l’intérêt est limité par manque de moyens. Il me semble d’ailleurs, monsieur le ministre d’État, que, lors de l’inauguration des états généraux de la promotion du français dans le monde, organisés au mois d’octobre dernier à Paris, vous aviez insisté sur ce point. J’espère que, de ce fait, vos actions ne seront pas entravées.
À l’heure où d’autres pays bénéficient de moyens d’influence plus directs, usent de la force de leur économie pour s’implanter durablement dans des pays où le français était la langue parlée et dont l’usage se perd progressivement, il vous faut impérativement réagir. Si notre langue est universellement reconnue, si elle représente le langage de la liberté, elle doit de nos jours non seulement favoriser nos relations culturelles et commerciales, mais aussi maintenir les influences qui furent les nôtres.
Malheureusement, monsieur le ministre d’État, le projet de budget que vous nous proposez ne nous permet pas de croire à une politique qui rehausserait la présence de la France dans le monde et qui défendrait notre langue et la francophonie. C’est la raison pour laquelle nous ne pourrons le voter.