Je suis heureux de venir devant vous éclairer les actions que nous menons à l'éducation nationale au regard de notre ambition pour le système éducatif.
J'ai constaté, dans la crise que nous traversons, que tous les ministres de l'éducation que j'ai rencontrés partagent la même ambition. Le monde n'a jamais eu autant besoin d'éducation. Nous ne devons pas céder au fatalisme et rester ambitieux pour l'avenir de nos enfants. L'école reste le lieu de tous les possibles, où se prépare l'avenir de la nation, dans la relation singulière qui se noue entre élève et professeur.
Nous voulons permettre aux jeunes de maîtriser les savoirs fondamentaux, limiter le nombre d'entre eux, trop élevé puisqu'il est encore de 120 000, qui sortent du système sans diplôme, respecter, enfin, notre engagement de Lisbonne d'amener 50 % d'une classe d'âge au niveau de la licence.
Nous avons mis en oeuvre des réformes ambitieuses pour adapter notre système, afin de le différencier en fonction de la situation de chaque élève. Alors qu'il y a vingt ans, 20 % seulement d'une génération se présentaient au baccalauréat, ce sont aujourd'hui 65 % qui l'atteignent : notre système éducatif doit s'adapter à l'hétérogénéité des élèves qui en est le corollaire. C'est la force de notre système que de tenir compte de cette diversité.
Après la réforme du primaire, puis celle de l'enseignement professionnel, nous engageons celle du lycée général et technologique qui illustrera, dès la prochaine rentrée, ce que nous voulons faire.
Nous améliorons l'orientation, qui ne doit pas être un couperet, en la rendant plus progressive, réversible, avec des passerelles entre séries et filières. Un tutorat sera mis en place pour ceux qui le souhaitent.
Autre enjeu majeur, l'accompagnement personnalisé, de deux heures par semaine, tout au long de la scolarité jusqu'au lycée, doit apporter une solution aux élèves en difficulté mais aussi à ceux qui veulent aller plus loin car nous défendons l'idée d'une école de l'excellence. Nous apportons également un soutien méthodologique aux élèves. La personnalisation doit répondre à la « massification » du système. Grâce à l'aide personnalisée, le lycée pourra pousser chaque lycéen le plus haut possible, vers l'excellence.
Nous donnons plus d'autonomie aux établissements. Je sais que ce point fait débat, mais j'estime qu'il faut faire confiance au personnel d'encadrement et aux équipes pédagogiques. Je suis très attaché aux programmes nationaux, aux diplômes nationaux, au recrutement national. Il ne s'agit nullement de créer un lycée à plusieurs vitesses, mais de donner aux établissements la possibilité de tenir compte des spécificités de leur territoire d'implantation.
Nous facilitons, enfin, l'accès à la culture et mettons en place un plan pour l'apprentissage des langues étrangères.
Chaque élève doit disposer de tous les atouts pour aller vers l'excellence. La maîtrise des fondamentaux, du socle commun de connaissances issu de la loi de 2005, doit devenir réalité. L'aide personnalisée permettra de traiter dès le plus jeune âge les difficultés, sans les laisser se sédimenter. Songeons que 15 % des élèves maîtrisent encore mal la lecture en sixième !
La prévention de l'illettrisme, la mobilisation sur l'apprentissage de la lecture constituent les moyens d'agir en amont. Nous axons l'enseignement, dès la maternelle, sur le lexique - des inspecteurs généraux, spécialisés sur la maternelle, y travaillent. Nous avons en outre engagé un partenariat avec l'Académie française et l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme pour transmettre le goût de la lecture.
Autre volet, celui de la sécurité, que nous entendons garantir à l'école. Les États généraux des 7 et 8 avril derniers nous ont aidés à définir des modes d'action plus efficaces, grâce à une approche globale, ainsi que le recommandent les experts. Nous nous mobilisons sur des mesures concrètes de sécurité des établissements, comme le doublement des équipes mobiles de sécurité, mais aussi sur des mesures de prévention, comme la formation des enseignants à la gestion des conflits.
Nous allons ouvrir, pour les élèves qui menacent de sortir du système, souvent les plus perturbateurs, des établissements qui pourront les accueillir sur la durée, pour une ou deux années : cela va bien au-delà de ce qui existe déjà, comme les classes-relais.
Nous nous mobilisons contre l'absentéisme et le décrochage scolaire, en réfléchissant à la place et au rôle des parents, en travaillant avec les 5 000 médiateurs de réussite scolaire, en agissant sur les allocations familiales - la proposition de loi que vous connaissez sera examinée demain par l'Assemblée nationale - pour revenir à un système plus simple.
Nous maintenons la reconnaissance du mérite, avec les internats d'excellence. Après celui de Sourdun, une douzaine de nouveaux internats seront ouverts, dans onze académies.
Vous avez mentionné, monsieur le président, le travail engagé sur les rythmes scolaires. La France est le pays qui dispense le plus d'heures de cours sur l'année, sur le plus petit nombre de jours. D'où des emplois du temps de plus de trente heures hebdomadaires, intenables pour les élèves et source de bien des difficultés pour les personnels.
Des années durant, l'école s'est adaptée aux rythmes sociaux. Aujourd'hui, il faut bien reconnaître qu'elle rythme aussi l'activité, avec de nombreuses conséquences sur le fonctionnement de l'économie. La Conférence nationale sur les rythmes scolaires, animée par Christian Forestier, administrateur général du CNAM, doit travailler sur le long terme : le comité de pilotage, qui comportera, parmi ses membres associés, des parlementaires de la majorité comme de l'opposition, organisera des auditions avec l'ensemble des acteurs. La réflexion, que nous entendons voir aboutir courant 2011, sera menée sans tabou.
La revalorisation de la condition enseignante me tient particulièrement à coeur. N'oublions jamais que la principale ressource de l'éducation nationale est humaine. D'année en année, le métier d'enseignant s'est dévalorisé. Nous revalorisons leur formation, puisqu'ils seront désormais recrutés au niveau du master, soit un an de plus qu'auparavant, et nous améliorons leur formation tout au long de la vie. Un nouveau « pacte de carrière » leur assure une revalorisation de traitement - 157 euros pour les certifiés, 259 euros pour les agrégés, soit une augmentation de 10 % - grâce à la réaffectation de la moitié des économies réalisées avec le non remplacement d'un départ en retraite sur deux. C'est un message fort dans le contexte budgétaire tendu que nous connaissons. Nous leur ouvrons également un droit individuel à formation, qui jusqu'à présent n'existait pas à l'éducation nationale. Nous leur assurons un meilleur accompagnement en matière de santé. Nous prévoyons aussi des mesures d'accompagnement de carrière, grâce à une révision du système des promotions.
L'éducation est au coeur de nos politiques. La place de la France dans le monde est intimement liée à l'élévation du niveau de connaissance dans notre pays.
L'école, les élus que vous êtes le savent, est le premier service public de proximité. C'est la meilleure arme pour préparer l'avenir. C'est le creuset de notre pacte républicain. Voilà pourquoi nous mobilisons nos énergies pour répondre aux attentes des élèves, des parents et des enseignants.