« Le monde a besoin d'éducation », « ne cédons pas au fatalisme », « l'école est le lieu de tous les possibles » : belle ambition, monsieur le ministre, mais qui requiert une réflexion globale, concertée, loin des à-coups brutaux qui caractérisent votre politique, menée sans évaluation, sans tenir compte de l'avis des organisations syndicales, et qui fait le désespoir des enseignants.
Lorsque nous mettons en cause le schéma d'emploi 2011-2013, vous rétorquez que ce n'est pas de plus de moyens dont l'éducation a besoin et nous renvoyez à cet argument du quantitatif. Mais les coupes budgétaires sont devenues le dénominateur commun de toutes vos politiques. C'est vous qui faites du quantitatif en supprimant des dizaines de milliers d'emplois. Je partage les préoccupations de Mme Férat : fermetures brutales, élèves laissés sans solution... Quand je songe que 13 000 établissements de deux classes pourraient bientôt fermer, que l'on renonce à la scolarisation des enfants de deux ans, je m'interroge...
La proposition de loi censée lutter contre l'absentéisme scolaire m'inquiète, je vous le dis avec solennité : vous tentez de répondre à un problème urgent en aggravant une sanction déjà prévue et fort peu utilisée, puisque les conditions de rétablissement des allocations seront plus restrictives.
Je vous rappelle que ces allocations sont versées sans condition de ressources : la sanction sera donc inéquitable puisqu'elle représentera une véritable amputation pour les plus faibles, tandis que les plus aisés seront à peine touchés. Et si là est votre remède, quid des familles qui n'ont qu'un seul enfant, et ne touchent pas d'allocation : pas de lutte contre l'absentéisme pour elles ?... Donnez plutôt la possibilité aux jeunes, aux parents, aux enseignants de marcher d'un même pas vers une solution concertée.
Sur l'expérimentation des rythmes scolaires, soyons prudents. Ce n'est sans doute pas pour rien que l'Allemagne fait marche arrière. Vous proposez des après-midi consacrées au sport, fort bien, mais vous supprimez à tout-va les postes de professeurs d'éducation physique et sportive (EPS), au nom de la sacro sainte RGPP : quelle contradiction !