Je suis préoccupé par l'avenir du service public de l'orientation dans l'éducation nationale. Le métier des conseillers d'orientation psychologues a été bouleversé. Lorsque j'étais enseignant, j'ai constaté leur action d'humanité individualisée auprès de chaque élève, contrastant avec la prise en charge globale d'une classe qui empêche de soutenir les élèves en difficulté. Ici, la suppression porte non sur la moitié des postes, mais sur les cinq sixièmes ! Autant dire que le corps va disparaître.
Deuxièmement, je m'inquiète de constater la réduction des références à la psychologie dans l'éducation nationale, alors que le décrochage scolaire et la violence, par exemple, appellent une prévention accrue plus que la sanction. Le rôle indispensable des psychologues est reconnu par les parents, les enseignants et les élèves. Pourquoi ne pas créer un corps de psychologues de la maternelle à l'université, en instituant un concours interne et externe ?
Avec la nouvelle formation des enseignants, la rentrée s'annonce désastreuse, avec des stagiaires dans la tourmente alors que des enseignants chevronnés ne pourront assurer la nécessaire prise en main d'une classe. Résultat : des formations privées prolifèrent comme les escargots un soir d'orage pour transmettre en quelques jours aux stagiaires - moyennant quelques centaines d'euros - les « trucs » permettant de prendre des classes en charge.
Enfin, je déplore que les enseignements artistiques soient amputés une fois de plus, alors qu'ils sont indispensables à la construction de la personnalité, à l'élaboration de la citoyenneté, au dialogue des civilisations. J'ai en commun avec le recteur Dubreuil l'expérience conduite par l'orchestre national de Lille. Quand le chef d'orchestre apparaît dans une classe avec des musiciens, il se produit après quelques semaines un moment magique lorsque des jeunes découvrent qu'il n'y a pas de talent sans travail gigantesque. Et un saut de pensée conduit des jeunes en difficulté à rejoindre le train en marche.